Marguerite Durand, une bibliothèque à défendre
6 octobre 2016
Marguerite DURAND, « une sorcière comme les autres »….
Le SUPAP-FSU a dernièrement manifesté son inquiétude concernant la bibliothèque Marguerite Durand dans un tract fin septembre 2016
Les collègues de la bibliothèque Marguerite Durand ont depuis, demandé aux organisations syndicales de prendre connaissance du courrier suivant (voir en dessous) et de le relayer auprès du Directeur de la DAC, de tous les personnels des bibliothèques ainsi que des services centraux de la DAC et du BBL. Nous le faisons donc en toute solidarité d’autant que nous partageons ses préoccupations. Nous relayons aussi l'article paru dans Libération aujourd'hui sur le même sujet.
La bibliothèque Marguerite Durand, quel avenir ?
Parmi les différents projets proposés au vote des Parisien-ne-s dans le cadre du Budget participatif de la Mairie de Paris, le projet n°7 « Tout Paris » s’intitule « Pour une bibliothèque des femmes et du féminisme (…) créer un espace dédié à la littérature féministe ». Sur le principe cette initiative ne peut, bien évidemment, qu’emporter notre adhésion.
Mais si, pour certaines bibliothèques, le budget participatif permet d’entreprendre ou de finaliser des travaux depuis longtemps envisagés, il n’en est pas de même pour Marguerite Durand. D’une part cette bibliothèque sur l’histoire des femmes et du féminisme existe déjà, depuis 1932, d’autre part personne n’y a été informé de ce projet participatif découvert fortuitement par le personnel, et proposé par une certaine Olympe le 18 février 2016, veille de la date limite de dépôt.
Par ailleurs, ce « projet Olympe » comporte un certain nombre de contre-vérités :
- La bibliothèque Marguerite Durand n’est pas « hébergée dans les locaux de la Médiathèque Jean-Pierre Melville dans le 5e [sic] arrondissement de Paris» mais partage ce bâtiment avec Melville depuis l’ouverture du site en 1989 dans le 13e.
- La BMD n’a pas « en gestion un très important fond [sic] documentaire (…) qui n’est malheureusement pas clairement identifié ». La BMD est parfaitement identifiée in situ, sur la façade et à l’intérieur du bâtiment, et ses collections sont très « clairement » visibles dans Portfolio, dans le Catalogue collectif de France depuis 20 ans, dans le Sudoc, sur les sites de Roger-Viollet et de Paris en images ainsi que sur Gallica ou le site de l’université de San Diego (États-Unis).
- Enfin, la bibliothèque organise déjà régulièrement « des activités sur l’histoire des femmes et du féminisme », s’efforce « de faire vivre le fond [sic] documentaire et d’alimenter les débats contemporains sur ces enjeux essentiels », et prête régulièrement ses collections à des institutions comme Orsay, le Petit Palais, le Jeu de Paume, la National Portrait Gallery …
Le plus inquiétant, dans ce projet proposé à point nommé, tient moins aux approximations d’« Olympe » qu’au site totalement inadéquat et jamais évoqué dans son « argumentaire » : la Galerie des bibliothèques, lieu d’exposition pour les bibliothèques patrimoniales parisiennes jusqu’en début d’année 2016. C’est en effet le seul lieu envisagé par l’administration depuis plus de 18 mois pour « reloger » Marguerite Durand, sous le prétexte d’une meilleure visibilité au centre de Paris.
Or, outre la perte de la salle de lecture, d’une partie des bureaux et d’une bonne surface de stockage des collections, la BMD n’aura plus aucun espace pour les animations, et sera de fait incluse dans la BHVP, dont la Galerie des bibliothèques est un prolongement. La bibliothèque Marguerite Durand sera aussi coupée des pôles universitaires traitant des femmes et du féminisme, Tolbiac (Paris 1) et les Grands Moulins (Paris 7), et de la BNF, toutes institutions situées dans le 13e arrondissement et fréquentées par notre public.
Le personnel de la bibliothèque n’est pas opposé à une installation dans un autre lieu, mais en attend de meilleures opportunités que sur le site actuel, et non l’inverse.
On peut aussi se poser la question de l’inscription d’un tel projet dans un budget participatif, optionnel par nature. La valorisation du patrimoine féministe de la seule bibliothèque publique française où il est conservé depuis plus de 80 ans ne mérite pas de traitement aussi désinvolte, mais une ambition politique affirmée.
Incité par des pressions constantes à quitter le 13e à brève échéance, sans perspectives d’un lieu approprié où s’installer, le personnel de la bibliothèque Marguerite Durand s’interroge non seulement sur son avenir, mais sur l’existence même de la BMD. D’autres bibliothèques ont déjà disparu de façon insidieuse, celle des Arts graphiques ou encore Chaligny. Nous nous demandons si ce n’est pas ce qui nous attend.
L’équipe de la bibliothèque Marguerite Durand
Aujourd’hui le journal Libération voir ICI publie un texte signé par de nombreuses personnalités qui interpelle publiquement la mairie de Paris..
Le SUPAP-FSU attaché au développement de la Bibliothèque Marguerite Durand, à ses collections, aux valeurs d'égalité, aux combats des femmes vous appelle à le faire connaitre et à le signer quand il sera en ligne.