Etre animateur-animatrice, ou l'exercice d'un métier à part entière
Quand le cadre ne suffit pas à faire le tout
La mise en place de la réforme des rythmes éducatifs aurait dû être un levier pour la mise en valeur du métier d'animateur-animatrice.
Le cadrage structurel nécessaire dans le cadre du PEDT et l’action syndicale via la mobilisation des personnels ont permis un nombre conséquent de titularisations, l'accès à la contractualisation pour de nombreux agents et la création d'un poste de REV par école. Le problème des RPA étant toujours en discussion. On peut donc dire que d'un point de vue structurel le dispositif, même s'il doit être encore amélioré, offre un cadre de plus en plus cohérent.
Néanmoins, concernant le cœur du métier, à savoir l'animation dans ses démarches, contenus pédagogiques et éducatifs, nous estimons être loin du compte, et ce malgré l’augmentation conséquente du nombre de bénéficiaires de formations BAFA et BAFD.
D'une part, nos attentes et demandes de niveaux BPJEPS/DEJEPS n'ont pas été entendues, d'autre part les compétences en interne des animateurs-animatrices porteurs de ressources locales et centrales (animateurs-animatrices lecture, animateurs-animatrices des centres de ressources centraux et locaux) n'ont pas été prises en considération, ni mises en perspective alors que ces agents auraient dû être identifiés dès le départ comme des appuis incontournables pour la réussite de cette réforme.
De quoi l'absence de reconnaissance des compétences en interne est-elle le nom ?
Les personnels des centres de ressources centraux et locaux étant minoritaires en nombre, leur cas n'a toujours pas été évoqué dans le cadre de la refonte du règlement de service de l’animation, alors que la qualité des formations proposées est souvent pleinement reconnue par les bilans des stagiaires, et que leurs missions nécessitent un cadrage particulier qu'il devient urgent de questionner et structurer pour leur donner la pleine légitimité qui leur revient.
Pour eux, c'est donc la double peine : pas de prise en considération de leurs savoirs et savoirs-faire dans le cadre de la réforme, et un traitement de leur cadre de travail en « queue de wagon ». Cela en dit long sur l'absence de prise en considération de ceux et celles qui auraient dû être des moteurs dans la mise en place de cette réforme au regard de leur expertise professionnelle.
L'école des métiers de la DASCO ou comment faire semblant d'être ambitieux...
La création de l'école des métiers de la DASCO aurait pu remplir cette mission de courroie de transmission entre agents experts capables de formation et personnels en quête d'apports pour leurs pratiques.
La mise en œuvre de cette structure ressemble plutôt à une annonce de façade : les formations proposées sont celles déjà existantes dans le cadre de la formation continue, donc rien de neuf si ce n'est le nom.
Le nouveau socle de formations obligatoires répond à des besoins de base mais ne permet pas de perspectives ambitieuses en termes de formation.
Par ailleurs, les collègues chargé-e-s de formations ont dû cette année renouveler leurs demandes et projets (en quelque sorte, justifier de pratiques et d’expériences pleinement reconnues jusque-là par la DASCO depuis de nombreuses années). Il leur a également été signifié que les interventions en binôme ne seront plus possibles alors qu'elles s'avèrent parfois fortement nécessaires dans la conduite d'interventions spécifiques. De plus, ils seront désormais limités à 60h de formation par an. C’est une double aberration compte tenu de la demande importante des personnels pour certaines formations et du coût financier prohibitif pour la Ville, obligée de recourir à des prestataires externes pour assurer des formations similaires. Ces collègues, motivé-e-s par leurs missions de formations, au plus proche du terrain au quotidien, sont actuellement dans l'expectative.
Suite à certaines formations, de nombreux agents nous ont fait part d’interventions de qualité assurées par des formateurs extérieurs, mais très éloignées du contexte dans lequel les missions d’animation sont exercées. Le lien entre théorie et pratique étant très rarement établi. Il s'en suit des situations d’incompréhension, de blocage voire d'expressions de revendications inappropriées dans ce cadre.
Enfin « la bien-pensance » qui consiste à croire que les échanges d’expériences entre personnels sont suffisants pour faire évoluer les pratiques est fortement démagogique et très peu réaliste.
Se former nécessite bien plus qu'une simple information quand bien même elle est d’excellente qualité, se former va bien au-delà d'un simple échange entre collègues quand bien même la motivation est là. Se former nécessite des allers retours suivis entre théorie et pratique, des croisements entre apports experts externes et apports experts internes, des questionnements, voire remises en question, individuels et en équipe et ce avec un accompagnement à la fois exigeant et bienveillant.
Les objectifs énoncés dans le PEDT sont rassurants en terme de qualité de service public, rassurants sur le papier, oui, la réalité sur le terrain l'est beaucoup moins compte tenu des moyens octroyés !
Le SUPAP-FSU milite pour l’accès à une formation initiale solide pour l’ensemble des personnels de la filière animation (animateurs-animatrices, REV, adjoints éducatifs et coordonnateurs-coordonnatrices de l’Action Collégien, CTAE, CMF, RAE, chefs de pôle affaires scolaires), via les diplômes de l’animation existants (BPJEPS, DEJEPS, DESJEPS).
Le SUPAP-FSU revendique la reconnaissance de l'expertise professionnelle des animateurs-animatrices lecture, des animateurs-animatrices des centres de ressources centraux et locaux.
Nous demandons à court terme une revalorisation conséquente de la prime espace lecture et à moyen terme l'accès pour l'ensemble de ces personnels à la catégorie B.
La reconnaissance des missions des personnels, des savoirs et savoirs-faire afférents contribue à l'exigence d'un service public de qualité.
---------------------------------
Notre syndicat abordera l’ensemble de ces sujets avec la direction au cours d’une réunion programmée le jeudi 31 mai ayant notamment pour thématique, l'École des métiers de la DASCO, le catalogue de formations 2019 et l’évolution des centres de ressources.