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Publié par SUPAP-FSU

Alors que l’INSEE prévoit que 5 millions de personnes seront âgées de 85 ans et plus en 2050, la question de l’amélioration de l’aide aux personnes âgées en établissement et aide à domicile conjointe d’un financement pérenne et solidaire de l’aide à l’autonomie est un enjeu de société de 1er plan.

Ainsi, la ministre des Solidarités et de la Santé a présenté mercredi 30 mai sa feuille de route  « Grand âge et autonomie », pour relever le défi du vieillissement à court et moyen terme.

Face aux conditions de travail et d’accueil indigne, au manque de moyens et de temps nécessaires, aux situations de souffrances au travail et de maltraitance institutionnelle envers les personnes âgées dépendantes, les mesures devaient également répondre au mécontentement des personnels des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et services d’aide et accompagnement à domicile (Saad) fortement mobilisés depuis le début de l’année.

Les annonces étaient d’autant plus attendues que la remise du rapport parlementaire des députées Iborra (LREM) et Fiat (FI) à l’automne dernier puis les déclarations -au demeurant contestables- du président de la République, le 15 avril, laissaient tout de même entrevoir la prise en compte des difficultés à l’œuvre.

Pourtant rien de cela ne ressort de la feuille de route de la ministre.

Ainsi des mesures annoncées pour les EHPAD, l’enveloppe de 360 millions d’€ pour recruter du personnel soignant de 2019 à 2021 ne permettra de ne couvrir qu’environ 10% des besoins tandis que celle de 36 millions allouée sur 3 ans à la création d’astreintes infirmières –mutualisées entre établissements- compromet la généralisation de la présence infirmière de nuit et la sécurisation des accompagnements nocturnes. Par contre elle aura un impact négatif certain sur les conditions de travail de ce personnel. Par ailleurs aucune mesure n’est envisagée pour assurer le suivi quotidien des résident.es par les médecins.

Pour ce qu’il concerne l’aide et le soin à domicile, les seuls 100 millions d’€ consacrés sur 2 ans à ce secteur ne sont pas à la hauteur des enjeux du soutien à domicile des personnes âgées. Ils ne permettront que 9 minutes d’aide supplémentaires par jour. Cette somme d’ailleurs correspond au financement soustrait au secteur à domicile par la Loi de Financement de la Sécurité sociale (LFSS 2018) transférée précédemment aux établissements pour n’en rendre là que la moitié : sacré tour de passe-passe !

Alors qu’aucune mesure n’est prévue pour renforcer les effectifs durant l’été et que la suppression massive des emplois aidés n’a pas été compensée, la situation dans les EHPAD risque encore de s'aggraver.

En Allemagne et en Belgique le ratio moyen d’encadrement en personnel est de 0,8 pour 1 résident.e, au Danemark de 1,2 pour 1, tandis que la France avec 0,5 pour 1 est très en retard ! Et les mesures issues de la feuille de route de la ministre, au-delà d’un discourt convenu, n’amélioreront pas de façon substantielle la situation de nos aîné.es en besoin d’accompagnement, ni de celle du soutien de leurs proches, tout comme les conditions de travail des personnels à domicile et en établissement.

La mobilisation dans les EHPAD et les services à domicile soutenue par l’Intersyndicale (CGT, Solidaires, FSU, FO, FAFP, CFDT, UNSA, CFTC, CGC, UFAS) en lien avec l’AD-PA a permis de mettre dans le débat public les problématiques autours du grand âge et de l’autonomie, poussant les pouvoirs publics à sortir de leurs retranchements.

Toutefois les mesures préconisées par la feuille de route « Grand âge et autonomie » sont largement insuffisantes au regard des besoins et en terme de prévention. Aussi un nouveau plan d’actions a été élaboré par l’Intersyndicale et l’association des directrices et directeurs pour que soient entendues, comprises et enfin prises en compte les revendications de ce secteur du médico-social :

  • application du dispositif prévoyant un agent par résident, tel que prévu par la Plan Solidarité Grand Age ;
  • abrogation des dispositions législatives relatives à la réforme de la tarification des EHPAD, contenues dans la loi du 28 décembre 2015 ainsi que le retrait des décrets d’application ;
  • arrêt des baisses de dotations induites par la convergence tarifaire ; maintien de tous les effectifs des EHPAD y compris les contrats aidés, qui doivent être intégrés et sécurisés ; 
  • amélioration des rémunérations, des perspectives professionnelles et de carrières, dans le cadre du Statut et des Conventions collectives nationales

Ainsi dès le mois de juin, une campagne d’interpellation des député.es sera organisée en amont de l’examen du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale pour 2019 (PLFSS 2019) conjointement à la relance de la pétition au président de la République. Une nouvelle journée d’action unitaire sera programmée autour de la rentrée de septembre.

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