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Publié par SUPAP-FSU

200 POSTES DE SUPPLÉANTS DE REV NON POURVUS, OU LES FAIBLESSES D’UN DISPOSITIF MAL PENSÉ !

Selon les derniers chiffres communiqués par la DASCO, 70% des postes de REV suppléant sont pourvus. Il y a donc environ 200 écoles sans REV suppléant pour cette rentrée.

Cet état des lieux est particulièrement insatisfaisant pour notre syndicat. Si nous nous sommes abstenus lors du vote au comité technique du 8 novembre 2018, malgré les nombreuses régressions engendrées par ce nouveau règlement, c'est parce qu'il comportait également des avancées notables, dont la plus importante était cette mesure d'un suppléant de REV par école, voir ICI.

Une avancée sans ambition !

Alors que la création de ce poste devait mettre fin à un dispositif inégalitaire en dotant les 653 écoles parisiennes d'une architecture commune avec des binômes constitués partout, nous subirons la même organisation bancale que les années précédentes.

Un suppléant de REV par école, c'est pourtant :

  • Une amélioration du service public avec un suppléant connaissant parfaitement son environnement (projet pédagogique, équipe d'animation, enfants et familles, partenaire Éducation Nationale, locaux, personnels Caisse des écoles, etc…)
  • Une visibilité accrue pour les familles avec un référent identifié dans chaque école en cas d'absence du REV
  • Un dispositif permettant au suppléant d'appréhender petit à petit les fonctions d'encadrant, accompagné  et formé par le REV, ce qui constitue une préparation efficace, en adéquation avec les réalités du terrain, pour éventuellement passer le concours d’accès à ce poste.

Des solutions qui n’en sont pas !

En l’absence du nombre suffisant de postulants, ce sera le bricolage habituel :

Mutualisation de REV suppléants "bouche trou" ou bénévolat ! En effet, sur les écoles où aucun suppléant n'est nommé, il faudra, lors des absences du REV :

  • Soit aller chercher ailleurs un collègue BAFD en cours ou complet pour assurer le remplacement du REV, c’est à dire déstabiliser un site pour combler un manque ailleurs.
  • Soit "utiliser" un collègue présent sur le site qui assumera le travail du REV sans être rémunéré en conséquence comme cela se passe scandaleusement depuis des années sur la majorité des écoles.

Dans les deux cas, c'est inacceptable !

D'après les retours qui nous parviennent, la solution de la mutualisation des suppléants serait la solution adoptée majoritairement.

Ce choix sera synonyme d’un service public dégradé et d’une économie pour la Ville qui n’aura pas à verser les 96,45 euros mensuels (prime + NBI) à 200 collègues.

Cela s’ajoutera aux centaines d’animateurs et animatrices non remplacés chaque jour pendant l’interclasse.

La Ville n’est pas à la hauteur des besoins et des attentes des usagers et par là même elle instaure des conditions de travail défavorables pour les personnels.

Des conséquences qui fragilisent l’animation

Cette situation va contribuer à alimenter la démotivation des personnels d’animation et la dévalorisation du métier.

Comment comprendre des déplacements qui impliquent d’abandonner des projets en cours, d’être déraciné professionnellement, de sortir de la cohésion d’une équipe ? Les suppléants de REV volontaires en ont-ils été informés en acceptant ce poste ?

Quelle image de notre service public renvoie-t-on aux usagers en déplaçant ponctuellement, pour des raisons administratives, un élément moteur d'une équipe d'animation sur un autre site ? Et les enfants dans tout cela ? Faisons fi une fois de plus de la cohésion éducative, après tout quelle importance !

Que signifie pour une équipe d'animation d'être encadrée, quelques jours par ci par là, par un suppléant qui ne connaît pas le fonctionnement, les personnels, les usagers, les partenaires ? Quelle légitimité pour ce collègue ?

Et en cas d'absence du REV, le suppléant "bouche trou" déplacé sur une autre structure retournera-t-il sur son école d'origine, ou fera-t-on appel à un troisième larron dans un jeu de chaise musicale sans fin ?

Bref, c'est lamentable. Non seulement il n'y aura pas un suppléant de REV par école dans l'immédiat avec toutes les conséquences que nous venons d'évoquer, mais en plus nous subirons de plein fouet les mesures régressives du futur règlement (arrivées et départs échelonnés en extrascolaire, départ des vacataires à 18h en maternelle sur le périscolaire hors mercredi, notamment).

Attention : Vigilance accrue face à l’absence d’ambition éducative

Face aux difficultés de recrutement des suppléants de REV, il pourrait être tentant de solliciter les animateurs et animatrices lecture. Cette éventualité est pour notre syndicat INNACCEPTABLE !

L’apport de ce dispositif est depuis trop longtemps déjà, non reconnu à sa juste valeur, laissé dans l’ombre et injustement sous-estimé.

Il devrait être considéré comme un point d’appui fondamental et un levier essentiel dans l’articulation entre scolaire, péri et extrascolaire, et à ce titre reconnu et préservé de manière pérenne et incontestable.

L’accès à la langue qu’il favorise est essentiel dans la lutte contre les inégalités. Pourquoi cet argument de poids ne mobilise aucune volonté de valorisation et de reconnaissance de la part de la Ville de Paris ?

Alors non ! Envisager la potentialité d’absence qu’elles soient courtes, longues, récurrentes, impromptues… Pour aller vaquer à des tâches administratives et organisationnelles au détriment de nos missions : NON, NON, NON !!!

S’autoriser à penser ce dispositif comme variable d’ajustement au détriment d’une dynamique de projet, de progression, d’accompagnement éducatif et pédagogique ce serait cesser de considérer les enfants comme sujets, acteurs essentiels de ces lieux, impliqués et participatifs.

Les animatrices et animateurs lecture sont des passeurs essentiels et leur spécificité ne mérite pas d’être à ce point déconsidérée !

Pour les animateurs lecture, nous revendiquons toujours une prime de 130 euros, qui éviterait là aussi une perte indemnitaire pour celles et ceux qui étaient RPA précédemment. Ce serait le premier signe d'une valorisation de ce poste dans l'attente d'une légitime catégorie B à l’avenir.

Les propositions du SUPAP-FSU

Ces difficultés de recrutement des suppléants de REV peuvent partiellement s’expliquer par une communication parfois erronée ou incomplète de la DASCO sur les missions et la rémunération de ce nouveau poste. À cet effet, nous vous renvoyons vers notre tract d’information du mois de janvier 2019, "Suppléant de REV, mode d'emploi", ICI.

Depuis cette communication, la DASCO a ouvert, à notre demande, le poste de suppléant de REV aux collègues titulaires n’ayant pas encore entamé de BAFD. Mais cela ne suffit pas.

Il y a pour notre syndicat, deux explications évidentes aux difficultés des CASPE à pourvoir ces postes : la rémunération proposée et un recrutement insuffisant de titulaires depuis deux ans et uniquement en C1.

C’est pourquoi nous revendiquons :

  • 130 euros mensuels d’indemnitaire aux suppléants de REV, comme pour les animateurs lecture, ce que nous demandions déjà lors des discussions sur le règlement de l’animation, pour éviter des pertes indemnitaires aux animateurs lecture/RPA et valoriser le poste.
  • Des recrutements conséquents d’animateurs titulaires en C1 et C2 chaque année. Il faut à la fois plus de postes de titulaires, et un recrutement par les deux modalités offertes, la voie classique du concours en C2 et la déprécarisation par recrutement sans concours en C1.

Provisoirement, pour faire face à l’urgence, il pourrait être envisagé d’ouvrir ce poste aux AAAS titulaires à 80% et aux contractuels à 70,09% et 73,42%, à condition que ceux-ci s’engagent à travailler sur le temps du soir lorsque le REV est absent. Ils seraient alors payés en heures supplémentaires pour les titulaires ou en heures complémentaires pour les contractuels.

À noter, les contractuels n’ayant pas la possibilité de bénéficier de NBI, il faudrait leur verser l’équivalent sous forme indemnitaire.

Cette solution aurait au moins le mérite de ne pas désorganiser les équipes d’animation et d’assurer une continuité des projets, contrairement aux solutions de mutualisation des suppléants de REV ou de mobilisation des animateurs lecture.

Pour conclure

Si nous en sommes là aujourd'hui, c'est bien, comme trop souvent, en raison des choix budgétaires de notre employeur. Choix qui ne vont malheureusement que très rarement dans le sens d’une amélioration de notre service public et des conditions de travail et de rémunération des agents.

Notre organisation syndicale continuera donc de militer pour la valorisation et la professionnalisation de l'animation :

  • Des formations diplômantes DEJEPS et BPJEPS
  • Des temps de préparation des projets et des ateliers
  • Des recrutements conséquents d'adjoints d'animation titulaires en C2 chaque année
  • Un plan de déprécarisation massif des vacataires et contractuels par recrutement en C1
  • Une valorisation indemnitaire du poste d’animateur lecture en attente d’un futur accès à la catégorie B
  • Une valorisation indemnitaire du poste de suppléant de REV
  • Une véritable filière de l'animation de la catégorie C à la catégorie A
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