L'animation à l'épreuve du réel...
« Des enfants plus acteurs que consommateurs »
« Du personnel formé, valorisé, en capacité de réfléchir,
de se positionner et de s’impliquer en toute reconnaissance… »
Ou
L’animation à l’épreuve du réel…
Ce que le PEEC nous dit de l’animation
Le Pôle des Enjeux Éducatifs Contemporains se met progressivement en place. Les animateurs et animatrices rescapé.es des centres de ressources centraux sont passé.es de la mise en œuvre de pratiques expertes à la conduite de démarche de projets.
Nous n’étions pas favorables à ces transformations et pensons que des savoir-faire essentiels sont désormais perdus. Perdus pour les enfants qui n’auront plus accès à des dispositifs qui pourtant étaient appréciés et permettaient des apports fondamentaux, perdus en tant qu’éléments de formation pour les animateurs et animatrices.
Cependant il n’est pas question pour nous de ressasser indéfiniment nos désaccords. Bien qu’ayant été informé régulièrement de l’avancée du dispositif nous ne pourrons faire l’économie d’une vigilance accrue quant à cette nouvelle organisation et ses répercussions.
«Des enfants plus acteurs que consommateurs » un objectif éducatif louable !
Des animateurs et animatrices contraints au bénévolat, un mépris récurrent !
La phrase d’accroche du document de présentation du PEEC «Des enfants plus acteurs que consommateurs » est évidemment un objectif éducatif louable. Cependant il est important de se questionner sur la place et les moyens donnés aux animateurs et animatrices afin d’accompagner les enfants vers une démarche d’appropriation active. Autrement formulé : proposer aux enfants un positionnement actif et réfléchi nécessite de la part des adultes la capacité à se positionner eux-mêmes en qualité de sujets de leurs actions.
Dans le cadre des partenariats proposés par le PEEC plusieurs cas de figure sont possibles : - L’initiative de mettre en œuvre un projet qui vient du terrain. Le PEEC propose alors une découverte de ses ressources mobilisables et un accompagnement dans leur mise en œuvre.
- Les projets émanent de la DASCO et les personnels y sont associés. Sont proposés des projets phares (Push car, Acrobot, Altimax, PVERD, Art pour grandir…), ils sont relayés par les CASPE, puis par les REV, en bout de chaîne les personnels d’animation sont mobilisés.
- Un relais est proposé dans le cadre de ressources locales (Jardins pédagogiques, salles informatiques, équipements du budget participatif…).
Dans tous les cas la nécessité pour les personnels d’animation de dégager du temps pour s’informer, se former, élaborer des partenariats, préparer, semble incontournable. Est alors mentionnée l’aide du PEEC les lundis et jeudis après-midi !
Et nous voilà de nouveau avec le retour de l’absence de reconnaissance et de valorisation !
Le retour du règne des paradoxes ! Le retour du dialogue de sourds !
Oui, le PEEC s’appuie sur une belle idée « Des enfants plus acteurs que consommateurs » !
Oui, le PEEC se targue de rassembler des intervenants partageant une identité pédagogique commune !
Oui, le PEEC sera le relais de projets phares et/ou d’une belle vitrine pour la Ville quant à la politique éducative !
NON, les personnels d’animation ne seront pas ceux pour lesquels réfléchir, se documenter, se concerter, préparer… ne compte pas ! Pourquoi toute démarche de l’ordre de la pensée n’a-t-elle aucune valeur en termes de temps de travail, c’est-à-dire de temps rémunéré, pour cette catégorie de personnel ? Appartenant à la catégorie C, les personnels d’animation sont considérés comme exécutants. À eux d’exécuter la mise en œuvre d’une démarche qui nécessite pourtant une pensée éducative élaborée, des capacités de réflexions, de mise en perspective et une finesse pédagogique !
Ce que le temps qui passe révèle d’une absence d’ambition éducative à la Ville
Dans le champ de l’animation, depuis maintenant 7 ans, les transformations se succèdent, Aménagement des Rythmes Éducatifs, PEDT, EMD, PEEC … Mais pour les personnels la réalité sur le terrain reste identique, voire pire, pire car les revendications concernant l’action éducative ne sont jamais prises en considération :
- Absence de formations diplômantes (DEJEPS, BPJEPS) malgré la réitération insistante de nos demandes… Et pourtant la mise en place de la réforme en 2013 invitait à cette prise de décision courageuse !
- Absence de reconnaissance de la nécessité d’un temps de préparation rémunéré. Et pourtant la réactualisation du règlement de service de l’animation invitait à cette reconnaissance fondamentale !
- Absence de valorisation des pratiques éducatives expertes. Et pourtant l’accès à la catégorie B pour les animatrices et animateurs ressources du PEEC et des centres de ressources centraux (Centre Paris Lecture, cinémathèque Robert Lynen) aurait permis une légitimité bien méritée pour ces acteurs de terrain au regard des missions que l’on attend d’eux !
- Absence de considération du dispositif Espace Lecture qui a subi une hémorragie de personnels compétents avec la mise en place de la réforme et qui maintenant servirait bien de variable d’ajustement pour la mise en place des suppléants de REV si nous ne nous opposions pas à ce regain d’intérêt soudain pour ces agents et à leur instrumentalisation au détriment de la mise en valeur et reconnaissance des apports fondamentaux auxquels ils contribuent Et que dire de la prime indigne qui leur est accordée alors que l’on sait combien cette mission nécessite d’implication pour être menée correctement ! Combien cette mission est essentielle dans l’accompagnement éducatif et l’accès à la langue comme vecteur d’apprentissage et de lutte contre les inégalités !
- Nous pourrions encore évoquer :
- La question de l’hygiène en maternelle qui n’est toujours pas réglée et met les personnels régulièrement en difficulté.
- Le recrutement en C1 avec son lot d’incertitude, de déception et le sentiment justifié d’injustice.
- L’absence d’un concours C2 depuis plus de 2 ans.
- L’absence d’attractivité de ce métier et les difficultés de recrutement afférentes.
- Les personnels absents, trop souvent non remplacés, mettant quotidiennement les équipes à rude épreuve!
Mais voilà, l’animation, est-ce bien un métier ?
OUI, pour ceux et celles qui chaque jour s’impliquent et donnent du sens à leurs actions !
OUI, Pour ceux et celles qui accordent une valeur fondamentale à l’accompagnement éducatif au sein d’une société où construire des repères est essentiel !
NON, pour l’employeur qui n’envoie aucun signe dans ce sens et contribue par là même à l’absence de reconnaissance et de perspective !
Nous sommes en attente d’une politique éducative réfléchie et responsable,
- d’une politique éducative qui prend en considération ses agents comme acteurs incontournables de sa réussite et non comme simples exécutants au rabais !
- d’une politique éducative qui permet des conditions d’exercice du métier cohérentes et responsables !
- d’une politique éducative ambitieuse à laquelle nous serions fier.es de contribuer !
Nous refusons d’être les faire-valoir d’une bien-pensance qui masque un manque affligeant de prise en considération des moyens nécessaires à une politique éducative sérieuse !
Pour que l’animation à la Ville de Paris s’appuie enfin sur un socle solide, nous demandons : des formations diplômantes : BPJEPS pour les AAAS, DEJEPS pour les AAP.
Pour que l’acte d’animer soit enfin reconnu dans son entièreté : préparation, animation, évaluation, nous demandons : du temps de travail rémunéré hors présence des enfants. Pas seulement un temps d’installation comme avant les TAP, ou des temps de réunion comme ceux comptabilisés dans les 60 heures, non ! Nous estimons qu’il est nécessaire de disposer d’un temps de préparation digne de ce nom où se documenter, réfléchir, réunir des supports, préparer des dispositifs et du matériel intègrent nos pratiques comme actes nécessaires, incontournables et reconnus.
Pour que la responsabilité éducative soit enfin reconnue et s’inscrive dans une perspective de carrière au même titre que la responsabilité administrative et d’encadrement, nous demandons :
- l’accès à la catégorie B pour les animatrices et animateurs des centres de ressources centraux.
- Une revalorisation conséquente de la prime Espace Lecture et à moyen terme l’accès à la catégorie B pour les personnels concernés.
- La mise en place d’une réflexion sur la place des centres de ressources de proximité.
Pour que l’instabilité quasi permanente des équipes cesse, nous demandons :
- Une déprécarisation massive qui permette aux faux vacataires d’accéder à des emplois pérennes, endigue l’absence récurrente d’agents et réponde aux besoins de service.
- Un concours C2 avec un nombre conséquent de postes.
L’articulation de tous ces éléments, qui pris séparément semblent disparates et d’importance relative, met en évidence une situation défavorable à une qualité d’accueil et d’accompagnement des enfants dans le cadre péri et extrascolaire et souligne un manque d’ambition et d’exigence de la politique éducative à la DASCO.
En l’absence d’une reconnaissance efficiente par l’employeur, les personnels se sentent dévalorisés, se découragent et se démotivent, les enfants et les familles sont les premiers « bénéficiaires » de cet enchaînement peu glorieux.
Est-ce vraiment ce que la Ville souhaite pour ses usagers et ses personnels ?