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Publié par SUPAP-FSU

Théorie du "grand remplacement" sur les plateaux télé, dénigrement des universités et des historien.es, attaques contre les théories féministes,…le champ intellectuel et la culture sont de plus en plus un terrain de combat pour l’extrême-droite.

Le monde des médias et de l’édition, connaissent une concentration sans précédent entre les mains de quelques milliardaires.

Dans ce contexte, la lecture publique n'échappe pas aux pressions diverses.

L'an dernier nous nous étions fait l'écho de l'affaire du Blanc-Mesnil où la bibliothèque s'était vue imposer par la mairie l'intervention dans sa politique documentaire d'un prestataire extérieur téléguidé par l'extrême-droite :

http://www.supap-fsu.org/2021/06/la-lecture-publique-une-cible-de-plus-pour-l-extreme-droite-tous-tes-dans-la-rue-ce-samedi-12-juin.html

Une situation locale qui pourrait malheureusement donner le ton d'un futur proche alors que dans les collectivités les pressions ont toujours existé (élus, groupes de pression).

La nouvelle loi relative aux bibliothèques territoriales du 21 décembre dernierentend donner un cadre plus protecteur aux bibliothécaires territoriaux.

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000044537514

Elle donne une définition légale des missions des bibliothèques publiques territoriales :
"garantir l'égal accès de tous à la culture, à l'information, à l'éducation, à la recherche, aux savoirs et aux loisirs" et "favoriser le développement de la lecture".

La loi garantit aussi la liberté et la gratuité d’accès aux espaces publics des bibliothèques mais malheureusement pas de l’emprunt en bibliothèque (et sans condition). Elle interdit la fermeture des bibliothèques départementales et précise leur mission territoriale.

La loi précise que les collections des bibliothèques territoriales doivent représenter « la multi­plicité des connaissances, des courants d’idées et d’opinions et des productions éditoriales » et « doivent être exemptes de toutes formes de censure idéologique, politique ou religieuse ou de pressions commerciales »


Si la loi s’impose à tous, si les élus et bibliothécaires sont en quelque sorte coresponsables du pluralisme des collections, sera-t-elle un rempart contre les intrusions dans le travail des bibliothécaires ?
Car des élus ou des groupes de pression s'appuient souvent sur l’argument du pluralisme lorsqu’ils exigent qu'une bibliothèque acquière tel ou tel ouvrage, s'abonne à telle ou telle revue, programme telle ou telle action culturelle.

Dans son article 7, la loi précise que " les bibliothèques territoriales ou leurs groupements élaborent les orientations générales de leur politique documentaire et que ces orientations sont présentées devant l’assemblée délibérante de la ­collectivité ", présentation qui peut être suivie d’un vote.

Le texte codifie ainsi légalement la distinction entre les compétences professionnelles et celles de l’organe politique de la collectivité.

Les orientations "générales" sont discutées en assemblée délibérante, et si désaccord il doit être formalisé par une délibération. Celle-ci pourra donc, si besoin, être attaquée au tribunal administratif par des associations de bibliothécaires / des syndicats ou des contribuables locaux.

Pas certain que cette procédure ne soit pas dévoyée / utilisée par des municipalités ou des groupes de pression pour peser fortement sur la politique documentaire (on pense aux communes dirigées par l'extrême-droite mais bien au-delà comme au Blanc-Mesnil). 

Ce qui est certain c'est que les bibliothécaires territoriaux vont devoir défendre leur indépendance, le pluralisme de leurs acquisitions, défendre la bibliothèque comme lieu d'accès à des sources indépendantes et pluralistes d’information, aux savoirs et au développement de l’esprit critique.

Contacter le SUPAP-FSU à la DAC : SYNDICAT-SUPAP-DAC@paris.fr

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