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Publié par SUPAP-FSU

Le diagnostic :

 

Nous étouffons. 

Avec les vagues de chaleur successives et rapprochées, nos bibliothèques, inadaptées dans leur grande majorité, se transforment en étuve, entre des bâtiments vieillissants avec de grandes verrières et/ou un manque d'ouvrants, des locaux en sous-sol mal aérés, et des bâtiments "récents et modernes" aux grandes baies vitrées avec climatisation capricieuse qui ne... résiste pas à la chaleur ou encore des bâtiments récents mais créés sans clim parce que "pas assez écologique".

Et, même lorsqu’il y la clim, l'impossibilité de la faire fonctionner par nous-mêmes et de régler au quotidien sa température en fonction des besoins entraîne gaspillage d'énergie et soucis de santé (maux de tête, sinusites, irritations oculaires, problèmes aux cervicales..)

 

Avec les canicules plus fréquentes et plus intenses que nous commençons à connaître et qui selon le rapport du GIEC vont aller croissant dans les prochaines années, l'inconfort thermique que nous subissons depuis longtemps se transforme en grave danger pour notre santé. 

 

Face à cela, notre employeur a fait le choix d'une gestion de dernière minute, court-termiste et inéquitable qui nous rappelle les pires heures de la crise COVID.

 

Pas d'anticipation des mesures même avec des prévisions de Météo France très claires, occasionnant un grand stress dans les équipes et empêchant certains équipements d'ouvrir le matin faute d’agent de sécurité incendie disponible… Aménagements d'horaires d'ouverture à géométrie variable et pas forcément adaptés, indication d'un critère de température de 33 degrés pour la fermeture mais sans que ce critère soit contraignant (certains établissements sont restés ouverts à plus de 36 degrés !), préjudice de temps pour certain-es agent-es et pas pour d'autres, avec des consignes contradictoires données sur la possibilité de badgeages rétroactifs, etc...

 

 

Des réactions face à un danger encore sous-estimé :

 

Lors de la canicule du mardi 19 juillet, plusieurs bibliothécaires ont fait le choix de se déclarer gréviste ou de se mettre en droit de retrait afin de protester contre des mesures insuffisantes et de se soustraire au danger. 

 

Au SUPAP-FSU nous avons rappelé à plusieurs reprises la possibilité pour les agent-es d'exercer leur droit de retrait. En aucun cas nous ne considérons que c’est une solution idéale et viable à long terme.  Le droit de retrait est un message envoyé à notre employeur aussi bien qu’une réaction d'urgence face au danger grave et imminent que constitue l'exposition à des températures élevées (coup de chaleur, déshydratation, risque majoré d'infarctus, d'AVC...). Cette réaction est légitime puisque les mesures mises en place dans la plupart des lieux de travail de la DAC sont très insuffisantes. Rappelons par exemple que nous n'avons toujours pas accès aux fontaines à eau pourtant réclamées depuis des années par les mandaté-es CHSCT et répondant aux obligations minimales de l'employeur de mettre à disposition de l'eau fraîche accessible et en quantité suffisante.

 

Pour celles et ceux qui ne sont pas à l'aise avec une démarche qui paraît complexe et qui s'exerce à titre individuel, rien n'empêche de faire du droit de retrait une démarche collective en étant plusieurs membres d'une même équipe à l'exercer et en rédigeant le message de déclaration de façon concertée et commune. Quelques précisions sur l'exercice du droit de retrait à suivre dans un message ultérieur.

 

 

Pour nous rafraîchir, un éventail de solutions pérennes :

 

Ouverture (anticipée afin de prévenir les usagers !) des bibliothèques le matin plutôt que l'après-midi (à condition que les agent-es n'aient pas pour autant à rattraper leurs heures), télétravail sur la base du volontariat, affectation des agent-es sur d'autres sites de la DAC climatisés les jours d'alerte canicule... il est aisé de trouver des solutions en cas de nécessité de fermer totalement ou partiellement les bibliothèques non climatisées.

 

Dans une perspective de long terme, des travaux et des aménagements techniques sont indispensables. Sans même parler d'un plan général de climatisation des bibliothèques (le mot est tabou actuellement, mais l'on est en droit de penser au contraire que les usagers ont droit à un "îlot de fraîcheur" et qu'il est préférable que ce soient les services publics et non les supermarchés qui leur offrent un tel refuge...) la Ville de Paris doit engager des travaux partout où c'est possible afin de réduire la température dans les bibliothèques : créations d'ouvrants, pose de stores, etc..

 

Ironie de l’histoire, rappelons que ce sont les pouvoirs publics eux-mêmes qui conseillent aux personnes de se mettre à l'abri dans les musées, les bibliothèques... Que la Ville de Paris s'affiche comme pionnière en matière d'adaptation au réchauffement climatique... ("Comment Paris se prépare à vivre sous 50°C" titrait le Monde récemment... il faut croire que le secteur des bibliothèques n’est pas prioritaire dans cette réflexion...https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/07/16/comment-paris-se-prepare-a-vivre-sous-50-c_6135001_3244.html)

 

Nous demandons à ce que la DAC sorte de son déni climatique et adopte un plan canicule à la hauteur des enjeux, précis, juste et équitable, sans préjudice de temps pour les agent-es, avec à terme la garantie de la continuité d'un service public de la culture dans des conditions vivables pour les bibliothécaires comme pour les usagers.

 

Paris, le 4 aout 2022

 

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