DAC : des horaires variables... à géométrie variable
Après plusieurs mois de mise en place, et une fois la période la plus chaotique passée, le bilan que nous tirons de l'expérience Chronotime et horaires variables à la DAC n'est pas bon.
Certes, nous pouvons générer davantage de JRTT...mais cela ne compense pas tout ce que l'on a perdu par ailleurs. Et on ne répètera jamais assez que ces JRTT en plus correspondent à du travail supplémentaire et ne sont donc pas équivalents à des congés. Rappelons également que certain.es agent.es ne disposent tout simplement pas du libre choix de les générer - en raison de contraintes familiales, de congés maladie, de difficultés récurrentes de transport...
Pour justifier la mise en place de Chronotime, l'administration de la DAC nous dit que la réglementation européenne impose un contrôle du temps dès lors qu'il y a génération de JRTT. Nous lui répondons qu'un autre mode de contrôle du temps, plus souple et plus humain, est possible (et existait d'ailleurs antérieurement).
Au final, ce nouveau dispositif de gestion et de contrôle de notre temps de travail nous semble tel qu'il nous est apparu depuis le début : un outil inadapté à nos métiers, à nos contraintes spécifiques. Cet outil, loin de nous faciliter la vie comme l'administration le prétendait, engendre des contraintes et des procédures supplémentaires, alourdit la charge de travail des encadrant.es et surtout reconduit voire aggrave nettement les inégalités de traitement entre agent.es appartenant pourtant à un même réseau de bibliothèques.
Une inflation réglementaire afin de dompter une créature hybride
De l'utilisation au forceps d'un outil inadapté a en effet fini par naître... une chimère : les horaires mixtes, mi-fixes, mi-variables. Les règlements de service adoptés dans chaque bibliothèque, qui priment sur les règles générales des horaires variables, ont souvent réduit à la portion congrue cette supposée variabilité : interdiction d'arriver entre 8h55 et 9h30 dans certains établissements, fin de non-recevoir à des demandes de départs anticipés alors que l'agent.e n'est pas en poste de service public...
C'est parfois légitime pour préserver les tâches collectives, ou encore garantir la fermeture de la bibliothèque dans de bonnes conditions, parfois moins (interdiction d'arriver plus tôt alors même que le risque de travail isolé est écarté). Du coup, en matière de temps de travail, les règles sont nombreuses, alambiquées et très disparates.
L'année dernière en Comité Technique , lors de l'examen du texte du "Règlement de service relatif au temps de travail de la DAC" nous avions d'ailleurs demandé à ce que soit supprimée la notion ambigüe de "primauté du planning", d'autant que cette notion avait et conserve des contours flous, puisqu'il ne s'agit pas du planning de service public mais d'un planning d'"activités".
Un récent exemple des difficultés générées par les "horaires mi-fixes mi-variables" : le décompte des heures de grève
Lors des dernières grèves, plusieurs agent.es se sont étonné.es de devoir poser 3/4 de journée de grève pour pouvoir partir en début d'après-midi.
D'un côté lorsque c'est la canicule et que des collègues sont obligé.es de partir plus tôt, l'administration brandit les horaires variables pour nous dire que les heures de fin d'après-midi non effectuées seraient facultatives donc pas vraiment perdues et de l'autre, quand il y a une grève, le décompte se fait à partir de l'horaire de fin de journée habituelle de l'agent.e, indépendamment de la distinction plages fixes/plages variables. Des agent.es se sont retrouvé.es à devoir travailler quasiment la durée d'une journée complète (6h45 en sujétion 2) alors qu'ils/elles ont déclaré faire une demi-journée de grève (avec la perte de salaire équivalente donc). Sans compter les anomalies persistantes car les badgeages de sortie ne sont pas compatibles avec les durées de grève déclarées par les responsables d’établissement.
Face à ces incohérences, les agent.es sont à juste titre mécontent.es et en tout cas n'y comprennent plus rien. Ajoutons à cela des blocages du compte Chronotime qui peuvent durer plusieurs jours voire semaines suite à une grève, tout ça ressemble à de l'entrave au droit de grève !
Une demande urgente de clarification
Au vu des problèmes rencontrés, le SUPAP-FSU a demandé à l'administration qu'au minimum une clarification soit faite sur la question de la grève, avec notamment un tableau des heures de grève faisant apparaître les retenues sur salaires correspondantes. Nous avons également demandé des compléments d'information sur d'autres sujets (un cadre plus précis concernant les temps de trajet notamment).
Nous avons appris qu'un rappel allait être envoyé aux gestionnaires concernant les règles de passage d'une année à une autre.
On vous (re)donne déjà quelques infos :
Les 2 jours de fractionnement générés seront automatiquement reportés au compteur des CA du début 2023. Si par inadvertance les agent.es ont posé tous leurs CA en-dehors des périodes ciblées (janvier-avril et novembre-décembre), une correction rétrospective (inversion des CA et des JRTT) est permise cette année. Rapprochez-vous de votre gestionnaire.
Un reliquat de quelques heures créditées fin décembre qui ne pourraient être transformées en JRTT sera reporté automatiquement en janvier 2023.
Les CA ne sont pas reportables (et peuvent être mis sur le CET, donnés...), les JRTT le sont.
L'administration semble en tout cas consciente du fait que bien des choses restent encore à améliorer, par un meilleur paramétrage de Chronotime - diminuer les blocages, tenter de rendre plus lisible les indication de débits-crédits (exemple : les temps partiels qui se retrouvent avec un crédit le dimanche alors qu'ils ne travaillent pas ce jour-là) et aussi par une meilleure communication en direction des agent.es.
Bien qu'opposé.es à ce dispositif, nous ne pouvons qu'espérer cette amélioration des paramétrages et cette explicitation des règles. Nous nous apprêtons à faire remonter les doléances des agent.es lors des discussions qui devraient avoir lieu dans le cadre de la clause de revoyure en 2023 - du moins c'est ce qui avait été annoncé.
Il s'agirait au minimum de trouver un équilibre entre des consignes qui préservent le collectif de travail face à une logique d'individualisation du temps de travail mais aussi la régularité des horaires des agent.es et une plus grande souplesse afin que les collègues ne se retrouvent pas par "peur de manquer de personnel" à devoir accumuler des heures qui au final seront "perdues" !
En attendant n'hésitez pas à venir en discuter de vive voix avec nous à l'Assemblée Générale des personnels de la DAC du Vendredi 18 novembre matin à la Bourse du Travail 3 rue du Château d'eau Métro République
L'équipe du SUPAP-DAC