Entretien syndical du SUPAP FSU avec le Délégué Général à l’Outre-Mer de la Ville de Paris mercredi 28 septembre 2022
Nous avons dénoncé les discriminations et tracasseries administratives subies par des agents originaires des DOM TOM dans différentes directions municipales : DPE, DEVE, DJS… .
Exemples :
DPE : un agent, originaire des Antilles, ayant posé, un an à l’avance, ses propositions de congés dans son ile natale, a eu son dossier bloqué au motif suivant : « c’est à vous de trouver quelqu’un pour vous remplacer pendant vos congés » ! Ahurissant mais…. Authentique !
DEVE : Une collègue ayant droit à ses congés, hospitalisée dans un état assez grave et de ce fait n’ayant pas répondu dans les délais prescrits à un courriel concernant son dossier de départ se voit refuser ses congés ; à priori cela peut s’entendre, mais ce qui est inacceptable c’est que l’administration refuse de prendre en compte la raison de cette absence de réponse. Cette collègue était hospitalisée et dans le coma pendant plus d’un mois ! Attitude administrative choquante ? le mot est faible !
Au-delà de ces deux exemples, présentant un caractère d’urgence, être agent des DOM TOM en métropole et plus particulièrement à la Ville de Paris n’est pas un avantage mais plutôt un handicap qui ne dit pas son nom ! À la ville de Paris un fait est très éloquent : dans les DOM TOM la grande majorité des fonctionnaires de catégorie A viennent de la métropole : c’est indéniable ! A l’inverse, les agents des DOM TOM travaillant à la Ville de Paris sont principalement cantonnés sur des métiers de catégorie C : c’est également une réalité !
Question de niveau scolaire ? Foutaise ! Rappelons, pour les ignares, que de tous les départements français, ce sont ceux des Antilles qui obtiennent, régulièrement, les meilleurs taux de réussite scolaire ! Ce n’est donc pas une question de niveau scolaire, NON : le problème est d’une autre nature ! Les « beaux esprits » diront que c’est faux et trouveront peut-être même quelques lécheurs de culs de blancs (vielle pratique coloniale) pour protester… et alors : les faits sont là !
Pour mémoire élargissons le propos :
C’est nous, militantes et militants (noirs, magrébins et blancs unis par la même colère), et personne d’autre, qui se sont battus pour obtenir que la ville de Paris commémore enfin, l’abolition de l’esclavage. La ville de Paris capital d’un pays qui razzia, qui déporta, et vendit des Africains comme esclaves dans les colonies françaises des Antilles et de l’océan Indien. Le décret de l’abolition de l’esclavage fût rédigé à l’Hôtel de Ville de Paris et publié le 27 avril 1848 à l’Hôtel de Ville de Paris qui était alors le siège du gouvernement provisoire de la République. (La copie du manuscrit de ce décret sera donnée à qui nous le demandera).
Pourquoi avons-nous milité pour cette commémoration?:
- Parce qu’il s’agit du plus grand des crimes contre l’humanité :
- Grand par son ampleur : plus de onze millions d’africains déportés !
- Grand par sa durée dans le temps : plusieurs siècles !
- Insupportable aussi par sa terrible conséquence : le racisme !
Pourquoi à la ville de Paris? Car ce sont quelques cinq milles agents originaires des DOM TOM et dont la plupart des ancêtres ont été esclaves dans des colonies françaises qui travaillent pour la mairie de Paris,!
Notre colère ! Avec la suppression des bonifications de congés pour les agents originaires des DOM c’est, au minimum, trente jours de congés dit « de bonification » tous les trois ans qui ont été supprimés :
30 jours tous les 3 ans cela fait 10 jours par an soit deux 2 semaines de travail supplémentaires pour le même salaire ! À cela il faut rajouter les 6 à 8 jours perdus pour tous les agents de la ville (c’est un fait) et le total de ces jours perdus pour les Domiens se décline ainsi : 10 jours + 8 jours = 18 jours de travail en plus et non payés pour les agents de la Ville originaires des DOM. (Pour mémoire les agents originaires des TOM ne bénéficiaient pas de congés bonifiés mais seulement de la possibilité de congés bloqués et cumulés sur deux ans ainsi que les collègues originaires des anciennes colonies françaises). |
Question rageuse née d’une immense colère et frustration : où sont les Jean Jaurès, les Léon Blum et le front populaire ? Où est la gauche de la cinquième semaine de congés payés… ? Ou sont les grands syndicalistes d’antan ? Où ? Où !!!
Colère encore et toujours et quelques revendications :
- Un fonctionnaire, éventuellement métropolitain, et affecté dans les DOM TOM bénéficie de la journée chômée et payée pour commémorer l’abolition de l’esclavage : bien ! A-contrario un descendant d’esclave travaillant en métropole n’a droit à rien pour commémorer la mémoire du crime contre les siens : révoltant !!!
- Nous revendiquons une journée chômée de commémoration et de mémoire chaque 27 avril (abolition) et cela pour les mêmes raisons que nous célébrons le 14 juillet 1789 (naissance du citoyen français) et le 8 mai 1845 (fin du Nazisme). Trois dates fondamentales pour notre pays.
- Que l’État aille au bout de la départementalisation des départements d’Outre-Mer et remplace l’antique « octroi de mer » par la continuité territoriale. Elle existe entre les départements de la métropole ! Elle existe entre les départements de la Corse et le continent ! Autre point financier important dans les DOM, pour moins d’injustice sociale, il est urgent et impératif de mettre fin à « l’État Béké ».
- Imposer aux banques la même politique que celle pratiquée en métropole. Exemple : en matière de prêts financiers dans les DOM TOM il faut favoriser l’immobilier plutôt que la voiture (cette sorte de verroterie périssable et postcoloniale à quatre roues).
- Développer l’emploi pour garder les jeunes au pays.« Vivre et travailler au pays » a été une de nos grandes revendications ! Dans les iles cela doit devenir une priorité !
Il reste tant à dire et encore davantage à faire !
Pour toutes informations, revendications et actions contactez nos représentants qui étaient en délégation à la Délégation Générale à l’Outre-Mer : Hayate SAHRAOUI, Henri DAVID, Ahmed BELLAHCENE, Miguel BONIX. |
Paris ce 3 Octobre 2022