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Publié par SUPAP-FSU

Les UGD de diverses directions de la Ville de Paris, mandaté.es en tant qu’expert.es par l’intersyndicale UNSA/SUPAP-FSU/UCP/FO/CFTC, ont pu exprimer lors de la Formation spécialisée centrale du 9 mai dernier, la dégradation de leurs conditions de travail, leur souffrance au travail et les conséquences sur leurs vies personnelles (troubles du sommeil, dépressions, burn-out…).

L’intersyndicale vous communiquera au cours du mois de juin leurs témoignages anonymisés.

Témoignage 1

UGD depuis mai 2018,  les conditions de travail se sont dégradées à partir de 2019 lorsque la Direction à décider de fusionner 2 services (apprentissage et contrat aidé).

Dès lors, différents gestionnaires des 2 services sont partis car la fusion n’était pas envisageable pour eux. Il faut savoir qu’une des particularités de notre métier d’UGD dans notre service est de travailler avec toutes les directions pour l’accueil d’un personnel spécifique. Et que nous sommes face à des agent.es souvent précaires avec un besoin de suivi et d’écoute. Cela a pour effet des charges émotionnelles importantes. Elles sont souvent peu prises en compte dans la charge de travail et la fatigue qui peut en découler.

En effet, nous devions être 7 gestionnaires et ne l’avons jamais été.

Manque d’effectifs donc charge de travail importante, turn-over permanent ce qui a valu un premier burnout, ensuite nous avons des collègues qui se sont retrouvés en dépression, arrêt maladie, prolongation et même accident de travail à cause de la pression.

Notre service s’est retrouvé en souffrance face à cette dégringolade et ce manque de considération. Le manque d’effectif permanent, le manque de communication et se ressenti de n’être que de exécutants et sans considération par l’encadrement.

Une grande partie des gestionnaires et contractuels ont signalé leur mal être au SAM, malheureusement cela n’a pas eu d’effet…

Juin 2022, fut la date à laquelle nous avons décidé de ne plus accepter cette situation suite à l’annonce d’une tentative de suicide d’une collègue UGD.

Nous avons décidé de nous faire aider et représenté par les syndicats pour faire un signalement et demander une audience auprès de la Directrice de la direction.

Depuis, que nous avons fait le signalement dans le registre hygiène et sécurité de la Direction, il a été mis en place un prestataire extérieur qui à ce jour étudie et cherche toujours des solutions pour nous permettre de travailler dans de meilleures conditions, toutefois, certains problèmes persistent et les départs sont encore nombreux. Chaque jour, je perds espoir sur une éventuelle amélioration. Alors je quitte le service pour continuer ce beau métier d’UGD ailleurs.

Témoignage 2

Et non, le moral ne va pas fort, car nous avons des troubles du sommeil, des douleurs musculaires, un ras le bol….boule au ventre.  Jeudi matin, j’ai eu des idées noires. Quand j’ai regardé les rails. Je me suis dit : non tu ne vas pas faire chier ta fille. Ma fille prend le train suivant.

Je craque un peu. Fatigue encore. Je ne tiens même pas debout. Je suis à fleur de peau.  J’essaye d’oublier. Car si je parle comme cela, je craque.

J’aime beaucoup ce que je fais. Le télétravail m’aide pour m’éloigner de tout cela. Dès que je parle, ça me replonge de dedans, et me refais craquer. Mon fil vient de partir donc là je peux craquer mais après je peux plus car je veux protéger mes enfants.

Témoignage 3

Je travaille dans un service où nous travaillons en binôme. La difficulté de ce poste réside dans la gestion des deux postes lors des congés, des arrêts de travail ou des vacances de poste.

Pour ma part, j'ai été amené à assumer les deux postes pendant quatre mois de mai à aout, sans avoir la possibilité de prendre des congés pendant cette période de vacance de poste. J'ai été submergé de travail et j'ai frôlé le burn-out, mes heures supplémentaires ont explosé sans compter les heures supplémentaires effectuées pour rien qui ne m'ont pas été créditées sur le mois suivant.

Lors de mon entretien annuel, j'ai clairement indiqué qu'il était hors de question pour moi de revivre une telle situation. Malheureusement, l'année suivante, ma nouvelle collègue a pris ses congés bonifiés pendant la période de juillet-août, rendant impossible la prise de congés pour moi à cette période-là.

Les UGD de la Ville de Paris subissent une pression importante pour maintenir une productivité élevée tout au long de l’année. Cela entraîne un stress excessif et un surmenage permanent.

De plus, les réglementations relatives au travail peuvent être difficiles à comprendre et sont en constante évolution, ce qui nécessite une mise à jour continue de nos connaissances.

La diversité des taches sont multiples et complexes. Nous sommes envahis par un afflux incessant de nouveaux mails, accompagnés de multiples questions et de demandes des agents.

Nous avons une grande variété de missions à accomplir, ce qui entraîne une surcharge de travail. Par conséquent, nous sommes constamment amenés à jongler avec nos dossiers tout au long de la journée pour pouvoir les mener à bien.

Mes nuits sont souvent ponctuées de rêves (pour ne pas dire de cauchemars) : de dossiers d’agents, d’arrêtés administratifs, de disponibilités, de temps partiel, de congé maternité, de suite 7, de SI PAMA, de Prorisq, de chronotime, de primes et de questions en tous genres….

Pour le bien être de chacun, je pense qu'il est grand temps de mettre en avant toutes nos revendications.

Témoignage 4

Ci-joint mon témoignage de bientôt 12 années d'UGD qui n'a pas cessé de se dégrader. C'est un peu long mais cela relate mon parcours et mon état au fil des années.

"Je suis UGD à 80% depuis 09/2011 avec un début chaotique, les 4 autres UGD me formaient mais à contre cœur (pas de temps car trop de boulot, pas de prime de formation...) : ma SGD a pris le relais.

En 01/2013 j’ai intégré un service à l'ouverture avec 2 collègues UGD, 1 encore en formation, moi  en "rodage" ainsi qu'une nouvelle SGD, proche de la retraite, pas RH, ne souhaitant pas trop s'investir et harceleuse...j'en ai été sa cible d'où un arrêt en AT pour harcèlement moral reconnu d'octobre à décembre 2013 : 10 ans après,  j'en ai gardé des séquelles : manque de confiance en moi, méfiance face à la hiérarchie et les gens en général, quand j'en parle les larmes remontent.

2014 mes 3 collègues sont toutes parties ou plutôt sauvées et j'ai dû former 3 personnes : 2 entièrement et 1 déjà UGD + intégrer les nouvelles tâches qui se déversaient sur nous plus nombreuses et plus complexes.

En 08/2018 un UGD recruté s'est immédiatement mis en arrêt puis en CLM pendant près de 18 mois : le secteur a été réparti sur nous 3....

En 11/2019 j'ai muté sur un poste UGD dans une direction sauf que c'était pire (je n'ai pas réalisé que trop de postes en ligne d'une direction c'était louche !!!) : sur 5 UGD 4 partaient ainsi que la SGD : je restais seule sur un secteur en vrac.

Le 01/02/2020 je réintégrais mon ancien service sur le poste libéré par l'UGD en CLM : le boulot je le connaissais, la hiérarchie ainsi que les collègues sont très corrects et peu éloigné de mon domicile (j'ai joué la prudence car j'ai été éprouvée dans l’autre direction).

Le COVID est arrivé puis la reprise avec toutes les galères de l'après (Suivi ASA, tableaux divers et variés en découlant etc....).

Une collègue a été en arrêt 2 mois octobre/novembre et une autre UGD qui était peu formée : la descente aux enfers pour moi s'est amplifiée.

Début 2021 j'étais psychologiquement très affaiblie et on m'a rajouté la gestion d'un nouvel établissement qui venait d'ouvrir.

Je m'y suis opposée en indiquant que mon secteur était déjà compliqué et que l'autre collègue à 100% avait moins d'agents que moi qui suis à 80% !!!

Il m'a été répondu que l'autre UGD avait des difficultés à gérer et que j'étais aguerrie....

J'ai craqué et j'ai été en arrêt pour burn-out un mois, j'ai repris contre avis de mon médecin car je ne pouvais plus laisser mes collègues en galère avec les congés d'été arrivant.

J'ai encore repris 15 kg pour atteindre + de 111kg : ma santé physique s'est aussi dégradée.

En 2022 mon médecin m'a fortement encouragée à me faire hospitaliser en réhabilitation physique et psychique ce que j'ai été obligé d'accepter vu mon état déplorable : j'ai été hospitalisée et arrêtée 5 semaines en avril/mai 2022.

Remise sur pieds et aidée par le mouvement UGD en colère, j'ai repris un peu espoir car je ne suis pas la seule à être en souffrance, être angoissée lors des congés parce que le travail se sera accumulé au retour : nous ne sommes jamais sereines. La nuit je me réveille si j'ai oublié de faire quelque chose.

Fin 2022 une agente en reconversion est arrivée pour pourvoir au remplacement d'une collègue partant en retraite (secteur à nouveau réparti).

Sur 3 UGD seule une se sentait capable de former...pour ma part j'ai indiqué que psychologiquement je ne pouvais plus former.

Cette formation s'est mal passée et l'UGD concernée en est ressortie traumatisée, il a donc été décidé de recruter un UGD confirmé ce qui devient denrée rare car les anciens délaissent le métier, les autres sont fatigués et hésitent à partir et les nouvelles galèrent et ne sont pas toujours compétentes.

J'ai à nouveau sombré ce début d'année et je suis hospitalisée depuis le 17/04.

Depuis 12 ans et 40kg de pris je galère et le triste bilan est que je ne me sens plus capable d'apprendre sur un nouveau poste, côtoyer des nouveaux collègues, changer d'environnement car j'ai complètement perdu confiance en moi.

Je ne sais pas comment je vais terminer ma carrière dans ces conditions jusqu'à la retraite (de 5 ans, je passe à 7 ans) ?

J'ai la chance dans toute cette "merde" d'avoir une famille unie, des collègues qui me soutiennent et m'aident mais ces 2 collègues seront bientôt sur le départ (retraite pour l'une et probable B pour l'autre).

J'aime ce métier même s'il m'a brisée : il est intéressant, on ne s'ennuie pas et on ne voit pas le temps passer mais il y a des limites.

La décharge des TPT et des CB c'est déjà bien mais pas assez surtout dans les directions gérant des techniques (MO, beaucoup d'aménagement de poste, CLM, CLD, MAL PRO, AT, TPT de plus en plus nombreux...).

Je ne sais pas si me remémorer tout c’est bon pour moi (je ne cesse de pleurer en écrivant) mais je me dois de le faire même si je doute que cela change quoi que ce soit. Au moins j'aurai essayé.

La suppression de la NBI qui rentrait dans la retraite serait préjudiciable pour tous les agents UGD. Au lieu de cela, il conviendrait de réfléchir à la mise en place d'une prime spéciale pour les Ressources Humaines.

En vous remerciant de l’attention portée à ce courrier. Une UGD lasse et fatiguée.

 

Témoignage 5

Une collègue nous décrivait encore des troubles du sommeil, des difficultés à se concentrer à son travail, des trous de mémoire : J’en arrive à douter de tout et suis souvent dans la crainte d’oublier des chose sou de ne pas répondre correctement aux agent.es.

Témoignage 6

Je suis entrée à la ville de paris en 1990 en qualité d’auxiliaire de puériculture. J’ai été déclarée inapte définitivement à mes fonctions d’auxiliaire de puériculture pour raisons de santé en mai 2021.

J’effectue ma reconversion sur un poste d’UGD depuis le 1er juin 2022 et à ce jour je n’ai toujours pas bénéficié des formations GRH nécessaires à une bonne prise de fonctions sur ce poste très complexe au vu des nombreuses procédures qu’il comporte.

Par ailleurs, je ne perçois plus les primes petite enfance soit environ 200 euros mensuel et je ne perçois pas non plus les primes liées à mon nouveau poste d’UGD alors que je suis sur un poste budgété.

Et enfin cerise sur le gâteau on me demande de renoncer purement et simplement à la catégorie B sans aucune compensation financière. (Ce qui me pénalise beaucoup pour la retraite).

Ce métier d’UGD, d’une importance capitale pour les agents qui ne sont pas toujours reconnaissant ni conscients de notre tâche quotidienne.

Ce métier d’UGD qui me provoque des réveils nocturnes réguliers.

Ce métier d’UGD qui me fait redouter mes retours de vacances. (Boite mail pleine et travail qui s’accumule malgré l’aide bienveillante des collègues)

Au vu de tous ces inconvénients je ne resterai pas sur ce poste pourtant si intéressant car trop de responsabilités pour si peu de reconnaissance, je vais postuler sur un poste en catégorie B. (dont certains sont moins exigent et mieux payé.)                                          Une ex future UGD en colère.

Témoignage 7

Je suis entrée à la Ville de Paris en 1984 en qualité d’Auxiliaire de Puériculture.

Suite à des problèmes de santé et déclarée inapte à mes fonctions, j’ai suivi un parcours de reconversion professionnelle.

En 2020, pendant 1 an sur un poste d’aide UGD en emploi tremplin mais ayant en charge le fichier d’une UGD tout en étant en apprentissage du métier et ceci durant la période de confinement !

En 2021, j’ai intégré le corps des adjoints administratifs sur le poste d’UGD avec perte de la catégorie B (dommage au bout de tant d’années APS non reconnues !)

En 2022, titularisée dans ce corps de métier je me suis vite retrouvée à être tutrice d’une collègue en reconversion avec une pression et peur de ne pas lui transmettre les bonnes pratiques.

Tout en sachant que les procédures RH évoluent sans cesse...application métier rajoutée…

Quelques tâches tout de même de redonner aux services concernés…

Personnellement, il m’est difficile de me déconnecter mentalement de mes tâches d’UGD lorsque je rentre chez moi en fin de journée, (parfois très tard le soir), le weekend et les vacances.

 Peur de découvrir une boîte mail pleine à mon retour, sans parler de l’accumulation des courriers et des appels téléphoniques. » Être en première ligne, recevoir la colère des agents par mail et téléphone (perte de salaire, réclamations diverses).

L’accueil de nouvelles collègues non formées que nous devons former et qui rajoute un surcroit de travail surtout à certains moments de l’année tels que la campagne SFT, TRANSPORT, APS….

Gérer également les absences des collègues, arrêts maladie…….

Stress permanent, réveils nocturnes à se repasser les dossiers en tête….

Avant chaque départ en congés ou formations, jongler avec le calendrier de paie et les fermetures Suite 7 pour les saisies...Heures supplémentaires afin que la plus grande partie de nos tâches soient faites

Suite à un mauvais paramétrage de mon compte chronotime, j’ai généré 7 jours en trop qui m’ont été supprimés soit 34 JRTT pour l’année 2022.

J’ai donc travaillé 7 jours bénévolement pour la Ville de Paris !

Je suppose que dans le cas contraire, un retrait sur salaire aurait eu lieu ainsi qu’un rappel à l’ordre !

Tenir bon par conscience professionnelle au risque d’y laisser sa santé (laissée d’ailleurs lors de ma première carrière en tant qu’APS).

Manque de reconnaissance !

Manque d’argent, une paie qui n’est pas à la hauteur de nos fonctions, au bout de 39 ans de bons et loyaux services !

Une UGD en colère et déçue qui ne restera sans doute pas sur le poste car trop de responsabilités et pas assez de reconnaissance.

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