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Publié par SUPAP-FSU

En 2013, la Ville de Paris a créé un nouveau corps de métier, les AAP (Animateurs des Administrations Parisiennes) en catégorie B, en incluant l’action éducative (RAE, CTAE, CMFAE) et les REV (les directeurs périscolaires) sur un pied d’égalité. 

En 2024, la même Ville de Paris a décidé de permettre un accès à la catégorie A dans le corps des CAPSA (Conseiller des Activités Physiques et Sportives et de l’Animation), uniquement pour les postes en action éducative en excluant les postes de terrain de REV. Les REV pourront s’y présenter, mais ce sera pour quitter leur école et partir en CASPE s’ils sont lauréats.

Que devons-nous comprendre de cette décision de la DASCO ? Est-il obligatoire de travailler en services déconcentrés sans lien direct avec les enfants pour évoluer dans les métiers de l’animation ? Pourquoi les REV seraient-ils privés d’évolution et de reconnaissance en restant sur le terrain ? La DASCO fait-elle preuve d'un mépris de classe ?

Pourtant, les directrices de crèches sont en catégorie A, les éducateurs de jeunes enfants en crèches sont également en catégorie A, et enfin, les PVP, qui travaillent dans les mêmes écoles que les REV, sont aussi en catégorie A via un statut spécifique créé par la Ville !

Il n’y a donc rien d’impossible. Tout est une question de volonté !

La Ville a créé la « prime complexe » de 120€ brut/mois pour la moitié des REV. Elle en exclut donc 300 autres. Cette prime aurait dû être créée depuis 2013, car les critères pris en compte existaient déjà. De plus, cette prime est sur 10 mois, pourtant la majorité des REV travaillent aussi l’été avec des regroupements de centres, ce qui rend la complexité des centres encore plus grande.

Par ailleurs, cette prime ne garantit rien, puisqu’un REV peut changer d’affectation à tout moment ou sortir d’un critère de complexité qui lui ferait perdre cette prime.

Qu’est-ce qui motive la Ville à priver les REV de passer en CAPSA ? Qu’est-ce qui pousse la Ville à mépriser ceux qui portent la réforme des rythmes scolaires depuis 2013 ?

Pourquoi la Ville refuse-t-elle de reconnaître l’investissement de ces agents de terrain ?

Ceux qui ont du mal encore en 2024 à avoir accès à des locaux pour les temps périscolaires !

Ceux qui souffrent des sous-effectifs quotidiens faute d’agent.es en nombre suffisant !

Ceux qui s’occupent de l’hygiène corporel des enfants par manque de poste dédié à cette mission !

Ceux qui souffrent d’une surcharge administrative inédite !

Ceux qui se sont vus rajouter des missions supplémentaires d’année en année sans aucune contrepartie financière !

Ceux qui commencent avant l’heure officielle de prise de poste, prennent la place et effectuent les missions des animateurs absent.es au détriment de leur travail administratif !

Ceux qui finissent après 18h30 suite aux retards répétés des parents et qui malgré cela continuent de travailler de la maison au détriment de leur vie privée et familiale !

Ceux qui ne prennent pas ou peu de pause depuis 2013, pour rattraper le travail administratif qu’ils n’ont pas eu le temps de faire à l’interclasse, voire pire, ceux à qui les CASPE demandent d’effectuer du recrutement pendant leurs heures de pause !

Ceux qui sont en contact quotidiennement avec les familles dans leurs écoles d’affectation !

Ceux qui rencontrent et s’adaptent aux nouvelles familles, aux nouveaux PAI, et aux nouveaux enfants à besoins particuliers lors des petites et grandes vacances scolaires lorsque les centres de loisirs sont regroupés !

Ceux qui sont mobilisés depuis novembre dans un mouvement social inédit et historique et qui n’ont toujours rien reçu en contrepartie !

Les REV font partie de ceux que la Ville refuse d’écouter et d’entendre.

Pourtant, que serait un service périscolaire sans un directeur périscolaire ?

La Ville a-t-elle conscience des compétences nécessaires pour occuper ce poste ?

A-t-elle conscience de la charge mentale et de la maitrise de soi qu’il faut avoir au quotidien ?

Est-elle consciente que les REV occupent plusieurs casquettes à la fois : manager d’équipe, formateur, remplaçants, logisticien, psychologue, administratif, avocat, infirmier, standardiste, accompagnateur, écrivain public…

En réservant exclusivement la catégorie A pour des agents éloignés du terrain, la Ville prend le risque de voir les meilleurs REV déserter progressivement les écoles pour rejoindre les services déconcentrés. En effet, les conditions de travail actuelles des REV, la vie chère et l’inflation ne permettront pas une stabilité des agents dans les écoles. Ils quitteront le métier qu’ils aiment et qu’ils ont choisi pour un poste qu’ils sauront occuper certes, mais avec comme première motivation un métier qui leur permettra de vivre plus décemment.

La Ville est-elle prête à perdre ses meilleurs agents de terrain ? Ceux qui insufflent une dynamique lors des réunions de secteur et qui proposent des projets d’envergure, encourageant et incitant les autres collègues à suivre leur exemple ?

Durant la crise du Covid-19, les REV ont dû mettre en place une nouvelle organisation pour assurer les différents services périscolaires et instaurer plus d’une dizaine de protocoles sanitaires qui ont complètement chamboulé leur manière de travailler, sans aucune reconnaissance, contrairement à leurs homologues directeurs d’écoles. Pour ces derniers, le ministre de l’Éducation nationale a créé une prime de 450 euros par an afin de « reconnaître leurs attributions et les contraintes particulières qui ont pesé sur eux ». Cette prime a été pérennisée et augmentée à 750 €/an comme prime d’investissement.

La Ville a sûrement estimé qu’aucune contrainte particulière ne pèse sur les REV et qu’ils ne s’investissent pas assez ?

Pourtant, ils étaient en première ligne dans les écoles. Ces agent.es de terrain ont continué à travailler directement avec les enfants, les équipes d’animations, d'entretiens et les familles, souvent au détriment de leur propre sécurité et de leur santé.

Par ailleurs, est-il nécessaire de rappeler toutes les missions supplémentaires qui ne figurent pas sur la fiche de poste depuis 2013 ?

- Création des groupes sur EUDONET, PlanOp, Chronotime, Andjaro, Formateur BAFD, Formateur du REV suppléant, Responsable Unique de Sécurité, charte du midi, Paris Famille dès septembre 2024, et les ateliers bleus en 2025.

Sans oublier la forte exigence du PEDT, les projets CASPE, les nombreuses tâches administratives, les demandes de plus en plus nombreuses de la DASCO, et les sollicitations accrues des familles avec seulement 8 permanences par an. 

La Ville est-elle prête à perdre ces agent.es de première ligne, essentiels à la gestion des personnels, des crises et au maintien de la continuité éducative ?

Pour rappel, 96% des REV sont insatisfaits de leurs rémunérations et 91% de leurs conditions de travail selon les réponses de plus de 200 REV à un sondage !

Est-ce vraiment la conception du service public de Patrick Bloche, adjoint à la maire de Paris chargé de l’éducation, de la petite enfance, des familles et des nouveaux apprentissages ? Ou celle D'Olivia Polski, adjointe à la Maire de Paris en charge de toutes les questions relatives aux ressources humaines, au dialogue social et à la qualité du service public, qui gère les finances de la Ville ? Ou d'Anne Hidalgo, la Maire de Paris tout simplement ?

Étant donné que la Ville de Paris persiste à maintenir un dialogue de sourds depuis maintenant 11 ans, les directeurs périscolaires, en grève depuis novembre 2023, maintiennent leur intention de faire grève du 25 au 28 juin lors du prochain conseil de Paris qui portera sur le budget rectificatif.

Il est encore temps !

Si aucune évolution n'est constatée, la Ville devra également faire face à une grève illimitée sans précédent dès le premier jour de la rentrée scolaire, à partir du 2 septembre 2024.

Elle devra alors assumer ses responsabilités auprès des parents d’élèves et des Parisiens à moins que le rêve des REV soit enfin réalisé. 

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