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Publié par SUPAP-FSU

Dans l’appel à la grève pour ce jeudi 23 mai, les bibliothécaires affirment leur « solidarité avec l’équipe de la future médiathèque Baldwin dont l'effectif cible était sous dimensionné dès le lancement du projet et qui connait déjà plusieurs départs. Aujourd'hui la Ville somme l'équipe d’ouvrir début juin alors que les conditions ne sont pas réunies et que le chantier n’est pas terminé. L’ouverture au public doit être reportée, dans des conditions et des délais qui garantissent santé et sécurité au travail pour l’équipe. »

Veuillez-trouver ci-après, une lettre ouverte de l’équipe Baldwin

Pour nos conditions de travail, nos primes, pour soutenir Baldwin,

Tous.es au Rassemblement ce jeudi 23 mai à 13h Hôtel de Ville (devant la cantine)

 

Lettre ouverte de l’équipe Baldwin

 

Le projet Baldwin est un projet très attendu et qui fait beaucoup parler. Vitrine des axes forts de la mandature tels que l’écologie, les féminismes, les représentations LGBTQIA+ et les migrations, 5ème pole Sourd du réseau des bibliothèques, il se veut un projet inclusif et à portée sociale, lié à la Maison des Réfugiés.

 

La réalité est tout autre.

Ce projet, sous-dimensionné dès le départ en terme d’effectif et de temps accordé à la préparation, ne cesse d’accumuler des problèmes depuis ses débuts. Aujourd’hui, on demande aux agents d’accélérer encore la cadence de travail pour une ouverture dans trois semaines : annonce faite le 20 mai pour une ouverture le 7 juin !

 

Pourtant de nombreuses alertes ont été faites concernant des sujets qui ne cessent de revenir sur la table :

 

Bâtiment

  • Retards accumulés dans les travaux qui ont décalé une installation dans les lieux.
  • Matériel abîmé au fur et à mesure du fait du manque de clarté du calendrier des travaux et de la pression que subissent les ouvriers, amenés à travailler dans l’urgence.
  • Risques pour la santé des collègues obligé.es de travailler dans la poussière, la sciure, le bruit et les odeurs de vernis et autres produits utilisés.
  • Dysfonctionnements et erreurs dans l’installation de certains matériels qui provoquent des pertes de temps conséquents.

     
    L’équipe
  • Une grande majorité de l’équipe a été recrutée à l’été 2023, soit 9 mois avant l’ouverture initiale annoncée. Le SBL lui-même reconnait le problème, évoquant un « pêché originel ».
  • Les effectifs sont sous-évalués pour un établissement de cette taille et de cet agencement particulier : seulement 42 collègues sont prévus, c’est trop peu !
  • Une majorité de collègues est débutante dans le métier de bibliothécaire et leur formation demande du temps dont l’équipe manque et repose sur peu de collègues.
  • Par ailleurs l’équipe connaît un problème de recrutement : de nombreux postes sont aujourd’hui vacants et des collègues partent ou cherchent à partir.
  • Il existe différents statuts entre les collègues (détachements, passerelles et stagiaires en cours de titularisation) qui les rendent plus fragiles face aux pressions de la hiérarchie. 


    La santé physique et mentale
  • L’équipe subit une pression continue depuis le début du projet : préparer une préfiguration en maintenant un établissement ouvert ou semi-ouvert (comptoir de prêt) est un double-emploi et donc une double-peine.
  • Une partie du travail de préfiguration n’a pas pu être faite : des dizaines et dizaines de cartons de collections non-traitées s’entassent dans les bureaux et ne seront pas prêtes à l’ouverture (rayonnages vides ou désossés pour cacher la misère), et tout le travail de réflexion sur les usages et l’accueil n’a pas pu être abouti. A moins de trois semaines de l’ouverture….
  • Cette pression est d’autant plus forte qu’elle n’est pas exprimée clairement : aucune trace écrite ne subsiste de tous les échanges.
  • Ce manque d’information, de communication claire, la fluctuation des dates selon des paramètres rarement expliqués à l’équipe… Tout ça crée un climat anxiogène et délétère.
  • Ces changements continus se reflètent aussi dans le travail des collègues : beaucoup de choses ont dû être faites, défaites et refaites, ce qui amène une perte de sens dans le travail.
  • De nombreux arrêts maladie de longue durée, répétés dans le temps, ainsi que de TMS, montrent ce mal-être au travail dans lequel se trouve l’équipe. Tous les voyants des RPS sont au rouge !


    Aujourd’hui, l’équipe est épuisée. Mais la hiérarchie demande encore aux agents de garder le sourire et de préparer au pied levé un « weekend festif ».


    Leur déception est à la hauteur de leurs ambitions pour le projet auquel iels croient et qu’iels aimeraient mettre en place pour le quartier. Ce n’est ni par fainéantise ou paresse, ni par cruauté qu’iels aimeraient reporter l’ouverture, mais par professionnalisme, afin d’offrir un service public de qualité dont iels seraient fier.es. Travailler dans l’urgence n’est ni bon pour elleux, ni pour les ouvrier.es présent.es sur le chantier qui subissent des pressions similaires. 

    Ce n’est pas le deuil du projet qu’il faut faire, mais celui de l’ouverture prochaine. Celui d'une ouverture imposée politiquement de façon aveugle et autoritaire, sans considération pour les professionnels qui le font vivre, ni pour le public qui en attend légitimement beaucoup, et depuis longtemps.


    Cette situation, si elle est exceptionnelle par la concentration de multiples enjeux en un seul projet, reflète néanmoins tous les problèmes observés aujourd’hui dans le réseau : management autoritaire, communication défaillante, pressions politiques, mépris des agent.es et de leur bien-être au travail


    La coupe (des JO) est pleine !
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