Glissement de terrain à la DAC : des erreurs sur toute la ligne (budgétaire aussi)
Suite au dépôt d'un préavis de grève la semaine dernière pour le jeudi 10 octobre (préavis maintenu, rassemblement maintenu mais délocalisé à l'Hôtel d'Albret), des délégations des syndicats SUPAP-FSU, FO et CGT étaient reçues en audience à la DAC ce mardi.
Alors que nous pensions que les recettes de la Ville moins abondantes que prévu en 2024 étaient la clé dans l'assèchement des budgets des bibliothèques (collections et plans d'équipement) à deux semaines de la fin des commandes, et que la persistante omerta sur les dépenses liées aux JOP pouvait éventuellement compléter à mots couverts l'analyse de cette situation inédite, eh bien pas du tout !
Notons au passage que ce diagnostic nous aurait fait ronchonner certes, une fois de plus, mais cela aurait eu le mérite de faire porter le regard -et le chapeau- ailleurs.
Mais d'après la DAC elle-même ce n'est pas ça qu'il fallait invoquer pour comprendre le problème posé, mais bien une "sur-exécution budgétaire" une "surconsommation de crédits d'investissement" au cours des premiers mois de l'année : il s'est donc agi de sauver les meubles, en tout cas ceux de la bibliothèque James Baldwin qui a décidément le dos large avec des commandes de mobiliers et de collections trop nombreuses ou tardives (sic), et aussi les pianos (et autres instruments de musique) des Conservatoires (re-sic).
Pour autant que l'on sache, les coupes sont également drastiques dans les conservatoires sur les plans d’équipement. Les commandes de nouveaux instruments pour le temps d’activité périscolaires dans les écoles ne sont pas honorées. Mais sans doute les conservatoires ont-ils acheté trop de livres ?
L'administration choisit enfin le déni en expliquant les contorsions comptables qui rendraient la potion indolore : un "glissement" sur 2025 des commandes non passées à temps, ou "non priorisées" pour cet exercice. Ah bon, faut-il comprendre que le budget 2025 sera augmenté pour compenser ce glissement ? Rien n'est moins sûr. D'ailleurs sera-t-il seulement maintenu ? Les questions sont simples, et même simplissimes, dans la tête de tous.tes les professionnel.les que sont les bibliothécaires, qui ont veillé à lisser leurs acquisitions, conformément aux règles de gestion ordinaire et faire face aux saisons culturelles, tout en respectant leur enveloppe annoncée. La réponse peine à venir et se perd dans des détails de comptabilité publique que nous sommes sommé.es de bien suivre. Et finalement, de glissement budgétaire en glissement de sens, on finit par se demander qui a perdu le contrôle des opérations.
D'autant que les blocages budgétaires ne semblent pas concerner que la DAC : à la Direction des Espaces Verts et de l'Environnement (DEVE), des dizaines de chantiers réalisés par des entreprises ce printemps demeurent toujours impayés 6 mois après, augmentant les risques des mises en faillite de plusieurs PME.
Prenant à la légère nos critiques concernant la communication de crise mise en place, la DAC semble sous-estimer grandement les conséquences délétères sur les équipes de bibliothèques de ces gels/baisses imprévues de budget.
Etre maintenu à chaque étape depuis le mois de juin dans une situation de sous-information (voire pire) et du coup ne pas savoir à quoi s'en tenir, si l'on doit préparer ou non de nouveaux paniers de commande, ni si et quand les commandes déjà passées vont arriver... Etre exposé sans éléments de langage clairs aux questions voire aux reproches des usagers qui ne voient pas les nouveautés arriver, se retrouver dans la situation d'aller à la pêche aux infos auprès des comptables voire des fournisseurs qui sont eux-mêmeslésés... Enfin, autre conséquence et non des moindres, le fait d'être mis en position de discuter au sein des équipes mais dans le brouillard le plus complet quelles commandes, quelles collections devraient être prioritaires ou non... pourrait à la longue créer des tensions entre les collègues.
Tous ces éléments constituent clairement des risques psycho-sociaux et alimentent une forme de défiance compréhensible vis-à-vis de l'administration.
Quant à nos autres revendications concernant les effectifs et les primes des personnels de la DAC, en dépit de la présence d'une interlocutrice de la DRH centrale, nous n'avons eu aucune annonce concrète, et un nouveau protocole de négociation RIFSEEP ne semble pas en vue malgré les demandes répétées du SUPAP-FSU ces dernières années.
La Ville continue à étudier les possibilités d'un rattrapage sur les primes qu'elle reconnaît être insuffisantes et inférieures à celles des autres directions. Mais parmi les pistes envisagées, il y a la fameuse "campagne de primes" (dont le CIA), mécanisme que nous rejetons du fait de son opacité.
Quant aux effectifs, si la porte n'est pas fermée (l'élue à la Culture "porte la question"), rien de concret pour l'instant. La question, posée globalement à l'échelle de la Ville, sera à l'ordre du jour d'un prochain CST central.
Rendez-vous demain 10 octobre à 9h30 devant la DAC, Hôtel d'Albret, 31, rue des Francs Bourgeois afin de faire entendre notre voix et nos revendications ! Un préavis de grève intersyndical SUPAP-FSU FO CGT couvre les agent.es.
0144681421 (permanence jeudi et vendredi)