Bibliothèques : quel avenir pour les collections ?

Fin du flimolux, 300 000 euros pour les jeux vidéo

Quel avenir pour les collections ?

Lors d’une réunion de responsables début décembre le BBL a annoncé la fin de toute commande de filmolux en 2026 pour les bibliothèques. Les responsables du SDE ont aussi été informés de cette décision à échéance de 2028.

Des établissements ont déjà mené cette expérience ou vont appliquer cette mesure à titre expérimental : la Canopée, St Eloi, Romilly, la BHVP.

Si cette décision relève d’une préoccupation écologique justifiée (réduire le plastique, décarboner), elle suscite des interrogations légitimes y compris d’un point de vue...écologique.

Alors qu’il n’y a plus de marché de reliure, ne plus protéger les documents c’est diminuer leur durée de vie.

Si le budget d’acquisition augmente en proportion de cette obsolescence, il faudra acheter plus de documents (plus de papier, plus d’arbres coupés).

A budget d’acquisition constant, il faudra réduire la volumétrie des collections, proposer moins de documents en prêt, donc indirectement favoriser plus d’achats, donc plus de documents produits et consommés. Pas sûr aujourd’hui qu’on ait un indicateur fiable de qui est gagné/perdu dans la balance.

Alors, la décision annoncée est-elle si décarbonante ?

L’inquiétude relève de la préoccupation écologique mais aussi du sens de nos missions si la conséquence (la plus probable au regard des choix budgétaires de la Ville) est la réduction massive du volume des collections.

D’autant que ces choix ne sont discutés nulle part et relèvent de plus en plus du fait accompli.

Le BBL a récemment annoncé l’objectif de provisionner plus de 300 000 euros sur 4 ans pour l’acquisition de jeux vidéo (dont quasiment 100 000 euros dès l’année prochaine) actant une « profonde évolution d’offre de service » « par une large couverture du territoire parisien ».

Présentée sous un jour très favorable, cette décision nous interroge aussi.

Alors que de nombreux.ses collègues et des organisations syndicales avaient interpellé la DAC concernant l'attractivité et l'accessibilité des discothèques et des vidéothèques (demande de la gratuité des documents, de la mise en place du prêt de lecteurs DVD) le BBL avait annoncé qu’une concertation allait être pilotée à ce sujet en 2024.

Au moment où les budgets (acquisition, action culturelle) sont de plus en plus contraints, le choix d’affecter plus de 300 000 euros aux jeux vidéo pour en étendre l’offre à de nouveaux établissements donne la fâcheuse Impression que le BBL a déjà fait ses choix.

Sans concertation avec les professionnel.les et encore moins avec les représentant.es des personnels (le CST est pourtant compétent sur "les projets relatifs au fonctionnement et à l'organisation des services" et sur "les évaluations relatives à l'accessibilité des services et à la qualité des services rendus.").

Filmolux versus baisse de la volumétrie des collections et budget exceptionnel pour les jeux vidéo :

tout ça nous semble bien loin de la réflexion très attendue sur le nécessaire rééquilibrage entre l’offre de services aux usagers et la richesse des collections, et ne tient pas compte des enquêtes de satisfaction qui pointent l’appauvrissement des collections dans les bibliothèques du réseau.

Prenons soin de nous et des autres

La lutte continue !

Les élu.es et mandaté.es de la section DAC du SUPAP-FSU

#DAC