Espaces lecture : entre constats et analyses. DECRYPTAGE
De la réforme des rythmes éducatifs à aujourd'hui
Au préalable préciser que l'origine de nos propos ne s'appuie en aucun cas sur le postulat du « c'était mieux avant ! ».
Que nous soyons en accord ou non avec cette réforme n'est pas ici ce qui nous mobilise.
Face au rouleau compresseur de sa mise en œuvre nous n'avons pas eu le choix et avons mené les combats nécessaires afin d'accompagner au mieux les transformations qui se sont révélées particulièrement peu ou mal pensées et dont les personnels subissent toujours les aléas.
Force est de constater que pour le sujet des Espaces Lecture qui nous tient à cœur et nous préoccupe toujours aussi fortement, nous n'avons rien pu faire.
Ce n'est pas faute d'avoir interpellé sans relâche nos interlocuteurs. Rendez-vous avec l'élu, audiences dans le cadre de préavis de grève, réunions dans le cadre de l'Agenda Social et actuellement « groupe de travail », 10 ans d'échanges et rien n'y fait !
Les propositions faites actuellement par la Ville ne reflètent en aucun cas nos demandes et nos attentes.
Penser et inscrire l'expertise éducative dans un cadre professionnel
Très tôt cette notion s'est invitée dans nos réflexions. Elle a construit et irrigué nos analyses et argumentaires quant à la place et le rôle de l'animation dans une perspective éducative.
Elle a orienté nos revendications : professionnalisation avec des formations diplômantes pour toutes et tous (BPJEPS, DEJEPS, DESJEPS), reconnaissance des compétences des animatrices et animateurs ressources, valorisation des Espace Lecture et reconnaissance des personnels dédiés.
- Nous avons obtenu une légère avancée avec un accès un peu élargi pour les formations avec 38 BPJEPS et DEJEPS.
- Dans le cadre de l'arsenal de l'animation l'ouverture d'un accès à la catégorie B (36 postes) pour les personnels des centres de ressources centraux est en cours. Il faudra néanmoins surveiller de près les modalités de passage de C en B afin que personne ne reste sur la touche.
- Quant aux animatrices et animateurs locaux il n'y a même pas l'ombre d'une fiche de poste pourtant demandée à maintes reprises ! Invisibles vous êtes, invisibles vous resterez ! Avec en tête de liste les grands oublié.es qui font vivre les Espaces Petite Enfance ! Nécessaire pour que la ville se donne « bonne conscience » et alimente une communication de façade si nécessaire ! Mais pour la reconnaissance passez votre chemin !
- En ce qui concerne les Espaces Lecture, la proposition élaborée par la ville avec la création de 55 postes en catégorie B est pour nous insatisfaisante, inappropriée et s'annonce bien mal ficelée !
55 postes en B pour 626 animatrices et animateurs lecture ou la nécessité de lire entre les lignes pour mieux comprendre
Notre demande était le passage en catégorie B pour tous les personnels en charge d'un Espace Lecture.
Cette demande s'appuyait sur une extension des missions sur le temps scolaire.
Avec un cycle semblable à celui des REV il devenait possible de construire des partenariats au sein des écoles avec les équipes enseignantes et de développer des passerelles en direction des crèches, des collèges, des bibliothèques municipales. C'est à dire être en cohérence avec le PEDT et gagner en efficience.
C'est ce qui aurait pu et dû être pensé dès 2014 au regard des liens déjà existant entre les Espaces Lecture et les équipes Éducation Nationale. A la place de cela les personnels des Espaces Lecture ont servi de réservoir pour alimenter les postes de REV, DPA, REV I, REV R … Certaines, certains souhaitaient d'autres missions et une progression de carrière, quoi de plus légitime quand on connaît les salaires et primes en catégorie C !
Celles et ceux qui ont poursuivi leurs missions éducatives autour du livre et de la lecture ont non seulement vu leurs conditions de travail se dégrader mais également la reconnaissance de leurs compétences passée aux oubliettes avec une absence totale d'augmentation depuis plus de 10 ans !
Ajoutons à ce tableau déjà sombre que le dispositif s'est progressivement délité.
Actuellement 94 Espaces Lectures n'ont pas de référent.es. Dans ces cas les lieux et leurs ressources se dégradent à grande vitesse. Une spirale malheureusement bien identifiée mais non prise en considération avec pour corollaire un déclin assumé par l'administration malgré la réitération de nos alertes d'année en année.
Nous demandons l'accès à la catégorie B pour toutes celles et ceux qui ont en responsabilité un Espace Lecture pour les raisons suivantes :
Nous estimons que les missions liées à l'accès aux livres sont fondamentales en termes d'éducation et d'apprentissage. C'est à dire qu'elles relèvent d'une valeur sociétale.
Nous estimons que cela nécessite des compétences expertes qui doivent être portées par du personnel formé. C'est à dire que cela relève d'une exigence de formation.
Nous estimons que l'élaboration de projets, la mise en jeu de processus pédagogiques avec développement de contenus et de démarches demandent des connaissances et savoir-faire spécifiques. C'est à dire qu'elles relèvent d'une expertise éducative spécifique.
Nous estimons que la responsabilité de ce type de lieu et de ses ressources nécessite des connaissances et par là même demande un investissement en temps non négligeable c'est à dire relève de connaissances et actions en bibliothéconomie.
Face à cela la Ville propose 55 postes ! 55 postes avec une extension non négligeable de missions (animation d'un réseau de collègues avec accompagnement de projets et conseils pédagogiques, partenariat avec les 55 bibliothèques municipales secteur jeunesse, partenariat avec les CDI, partenariat avec les crèches) …et tout cela avec une décharge hebdomadaire très insuffisante de 3h30 le mardi après-midi !
A travers cette proposition la Ville non seulement ne reconnaît pas le travail effectivement accompli dans les Espaces Lecture mais indique qu'elle ne le reconnaîtra pas plus dans l'avenir. Autrement exprimé elle minore voire nie son importance et sa légitimité.
Une fois les 55 postes établis, actés et attribués il n'y aura plus de perspective de catégorie B pour l'ensemble des personnels (si ce n'est à la marge au gré des départs...) !
Cela résonne avec sa volonté initiale, abandonnée grâce à notre insistance, de cumul Espace Lecture/ REV S, à savoir que les missions en Espace Lecture peuvent être interrompues sans aucune préoccupation pour les enfants, les familles, les projets et que les animatrices et animateurs ont de fait du temps inemployé qui pourrait être mis à profit pour des tâches administratives et de management ! Ces personnels pourraient éventuellement être remplacé par des collègues avec une formation a minima comme pour la décharge du mardi des 55 « privilégié.es » !
Alors oui des collègues ne sont pas réfractaires au cumul, il est fort possible que le plus financier pèse encore une fois légitimement dans la balance !
Des éléments de contexte qui en disent long sur le peu de considération accordé « au terrain » :
Réécriture nécessaire du plan Paris Lecture, commande autour de la lecture dans le cadre d'une convention citoyenne il a bien fallu que la DASCO s'empare de ce sujet.
Une chargée de mission a été mandatée et a rendu ses conclusions et préconisations.
Elles nous ont été communiquées. Les constats sont l'exact reflet de ce que nous signalons et dénonçons sans relâche depuis 10 ans sans que cela n'ait jamais été pris en considération !
Nous avons conscience depuis longtemps que le dialogue social est un exercice en trompe l’œil. Nos interlocutrices et interlocuteurs n'en ont que faire de nos constats, demandes et autres réflexions... Ce dispositif est hiérarchique, pyramidal, infantilisant…Cela ressemble plus à un jeu de dupe qu'à un échelon démocratique au service des personnels. D'autant plus déconcertant et exaspérant qu'il s'agit d'une municipalité qui se dit de gauche !
Ne pas y participer serait renoncer. Néanmoins y participer ne doit pas être s'y fourvoyer.
L'exercice est difficile ! Notre légitimité repose sur nos analyses et les revendications que nous portons suite aux échanges avec les personnels sur le terrain.
Entre préconisations de bon sens et absence de perspectives d'avenir pour la majorité des animatrices et animateurs lecture nous devons continuer de nous battre !
Au-delà des améliorations matérielles de mobilier (via le budget participatif ce qui laisse perplexe quant à la généralisation des améliorations) ou de dotation (où la place des familles devra être questionnée) et des 55 postes en catégorie B, les propositions de la Ville, n'apportent aucunes pistes d'amélioration des conditions de travail, d'amélioration financière et de perspective de carrière pour les « autres » !
Après avoir exprimé notre désaccord concernant les 55 postes B et nous y être opposé, nous avons accepté de « jouer le jeu » en participant au groupe de travail dédié. Cependant le compte n'y est pas !!!
Nous attendons de la Ville un positionnement plus soucieux et respectueux des personnels et de leurs compétences.
Nos revendications sont les suivantes :
Pour les Animateur.trices relais de catégorie B :
- La mise en œuvre d’un examen professionnel réservé aux animateur.trices lecture en poste le plus rapidement possible avec un critère d’ancienneté pour pouvoir s’y présenter
- Une décharge d’une journée complète par semaine le mercredi (et pas une demi-journée le mardi après-midi pendant les TAP et le temps du soir comme le propose la DASCO !)
- Un alignement des secteurs géographiques sur celui des 56 secteurs encadrés par les CTAE (plutôt que sur l’implantation des bibliothèques jeunesse comme le propose la DASCO) pour éviter un millefeuille et conserver une cohérence pédagogique. Donc 56 postes relais et pas 55.
- Le maintien autant que possible des lauréat.es sur leur site de travail actuel
- Si la cartographie des lauréat.es ne correspond pas à la cartographie des secteurs relais, l’affectation des lauréat.es obligé.es de changer d’affectation doit se faire sur des écoles actuellement sans espace lecture (pour ne pas pénaliser par une mutation forcée des animateur.trices lecture de catégorie C souhaitant rester sur leur site) avec une décharge complète suffisamment conséquente pour une installation satisfaisante
- Une fiche de poste claire (missions, temps de travail, liens hiérarchiques/fonctionnels…)
Pour les Animateur.trices lecture de catégorie C :
- La revalorisation immédiate de la prime mensuelle Espace Lecture à hauteur de 130 euros
- La sortie des animatrices et animateurs lecture des effectifs sur les temps d'interclasse et du soir dès la rentrée prochaine.
- La décharge des animateur.trices lecture 1 mercredi par mois pour permettre des temps d’échanges collectifs incluant l’animateur.trice relai et l’ensemble des animateur.trices lecture du secteur
- La prise en compte du temps de travail nécessaire à l’exercice de l’intégralité des missions, effectué bénévolement à ce jour, soit :
- Par l’augmentation du temps de travail sans présence d’enfants en semaine périscolaire avec, à la clé, une augmentation du nombre de JRTT générées
- Par la décharge des animateur.trices lecture 1 semaine à chaque période extrascolaire de petites vacances (décharge permettant d’assurer les tâches de bibliothéconomie, d’accompagnements de projets, notamment en bibliothèque municipale)
- La garantie pour tous.tes les animateur.trices lecture de pouvoir conserver leur affectation actuelle (pas d’affectation de relai catégorie B sur des écoles où l’espace lecture fonctionne)
- La préservation de l’autonomie des animateurs lecture (projets, fonctionnement…)
- Une fiche de poste claire (missions, temps de travail, liens avec le relai…)
Restons mobilisé.es pour faire entendre notre voix et obtenir la reconnaissance et les moyens nécessaires pour les Espaces Lecture !
Le SUPAP-FSU toujours à vos côtés pour vous défendre et vous informer !
SUPAP-FSU DASCO : 06 46 36 93 97 ou supapfsudasco@gmail.com