CHSCT : De la souffrance et maltraitance au travail
jeudi 13 juillet 2016
Déclaration du SUPAP-FSU au CHSCT
De la souffrance et maltraitance au travail à la DAC
Depuis plusieurs mois nous sommes alertés de la souffrance d’un certain nombre d’agents à la DAC. Une alerte a été faite, une enquête mise en place ; le temps passe mais rien n’est fait pour protéger les agents en état de grande souffrance.
Nous écoutons et voyons des collègues s’enfoncer. Nous en avons vu quitter la DAC pour échapper à la part intime d’eux même mise en cause par une mauvaise organisation, des pratiques managériales inadaptées, violentes si ce n’est perverses.
La souffrance au travail, la maltraitance ne doivent pas devenir une fatalité à la DAC pas plus qu’ailleurs
Les éléments qui nous paraissent revenir de manière significative
1) Un principe général devenu dogme à la DAC : on ne dit jamais non au politique ! L’intérêt de celui qui gouverne devient supérieur au principe du possible et du terrain. L’intérêt général est soumis à la posture du courtisan. Face aux difficultés qui ne manquent pas de se présenter, la tentation est de s’en prendre aux personnes qu’on encadre. Celles-ci seront alors accusées d’ incompétence, de manque d’investissement, de déloyauté, de ne pas soutenir la politique de la maire, de ne pas prendre d’initiative, mais aussi bien d’avoir pris des initiatives sans en référer au chef. Tout sera bon pour fragiliser, affirmer son pouvoir et aussi reporter la pression subie d’en haut sur celui d’en dessous et ainsi de suite sans que jamais le haut ne se remette en cause.
2) Une technostructure qui vit et justifie sa raison d’être par le nombre de procédures qu’elle met en chantier, le plus souvent au détriment d’un fonctionnement de bon sens. L’absurdité de la grenouille qui se prend pour un bœuf est de changer constamment ces procédures et parfois même au cours du traitement d’un dossier engagé. Les personnels ne s’y retrouvent plus, le sens de leur travail leur échappe et leur prétendu incompétence peut alors, parfois, être dénoncé avec délectation par ceux qui leur ont savonné la planche.
3) Une centralisation et un pouvoir hiérarchique renforcés (car on ne peut pas faire confiance) mais sans organisation des priorités, tout est plus urgent que l’urgence précédente, même si elle date du matin. Cette centralisation excessive entraine une perte d’autonomie de décisions et d’actions à tous les niveaux.
4) l’absence de priorité, les injonctions contradictoires créent une pression psychologique intenable et justifient un discours de combat. La direction a donc besoin d’un bataillon de guerriers à son service, prêts à aller au front sans discuter. Soit on est avec, soit on devient l’ennemi. L’organisation du travail devient peu à peu féodale. Quand on émet des doutes, des impossibilités on est accusé de traitrise. Le discours n’a plus rien de professionnel, il devient violent, destructeur. L’agent doit montrer qu’il est dans le coup à n’importe quel prix : au dépens de ses valeurs, de sa santé… La conséquence en est la destruction des gens dans ce qu’ils ont de plus profond.
Le fonds du travail lui est dénaturé. La démotivation gagne les plus ardents. La fatigue frappe jusqu’à de possibles dépressions.
Dans ce contexte, les encadrants ont aujourd’hui de plus en plus de mal à se comporter comme des organisateurs du travail, ils surfent sur les injonctions.
Ils suivent la vague, mais le navire n’est plus conduit.
Des encadrants sous pression, vont être conduit à décontextualiser les manquements avérés ou pas des personnels sous leur ordre, pour se couvrir et les accuser. Facile mais tragique…
Plutôt que d’essayer de hiérarchiser les demandes, de fluidifier les tâches, de trouver des modes de fonctionnement rationnels, en fonction des priorités, la remise en cause des subordonnées devient une méthode de management ; jusqu’à pousser à bout, au bout de la souffrance les agents.
Il apparait d’autre part que les cadres qui ne montrent pas assez d’allant pour dénigrer les agents sous leurs ordres sont poussés à partir car pas assez serviles, pas assez de niaque pour participer à la pression sur tous.
Du jour au lendemain des cadres se sont vus convoqués par leur supérieur, leur annonçant qu’ils devaient partir, que leur fiche de poste allait être publiée, ou ont été priés de se trouver un poste. La brutalité et la méthode sont inqualifiables et contraires à toute déontologie. Mais le harcèlement pour que ces personnels partent est efficace puisqu’ils partent.
Ainsi un désastre se précise jour après jour devant nous dans un silence enfin troublé par la montée de plaintes et des souffrances. Malgré tout une certaine peur règne.
Faudrait-il des suicides pour que la DAC et la Ville de Paris daignent prendre la mesure de la gravité de la situation et de la calamité d’une telle orientation pour les salariés, les cadres.
Devant ce désastre actuel que va-t-il se passer ? Que faut-il faire ? Quels questionnements ?
Le SUPAP-FSU demande :
la protection des agents qui ont déjà témoignés, de tous ceux qui pourraient être reconnus, de ceux qui hésitent encore à parler, car aujourd’hui la peur existe dans les services centraux.
Qu’il soit rappelé à la direction que son devoir fondamental est d’assurer la protection de ses personnels par de bonnes conditions de travail en respectant l’intégrité physique, psychique, psychologique des agents.
La mise en place d’un audit externe, indépendant sur le fonctionnement de l’administration, et la place des cabinets dans le fonctionnement global.
Par ailleurs nous demandons la tenue rapide d’un CHSCT sur l’enquête réalisée suite à l’alerte de mars 2016 car jusqu’ici rien n’a été proposé pour les agents en souffrance.
Il est plus que temps de faire un bilan des pratiques actuelles de management et de ces violences