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Publié par SUPAP-FSU

Le projet de Plan Lire à Paris n°2 (PLAP) vient enfin d’être transmis aux représentant.es des personnels. Il définit les orientations pour le réseau parisien des bibliothèques pour la période 2025 - 2029.

Avant son passage au Conseil de Paris du 1er juillet (et juste avant : en CST de la DAC le 27 juin) le temps de concertation est donc très contraint (pour analyser le doc, en informer les personnels, recueillir des avis, faire des propositions…).

On vous donne ci-après des premières indications sur ce plan, sur ce qui ne va pas, sur ce qui nous inquiète.

La Ville veut : 

  • Harmoniser les horaires c’est-à-dire « aligner les heures d’ouverture et de fermeture des établissements dans tout le réseau, et, à l’intérieur d’un même établissement, aligner les horaires de toutes les sections » « sur le schéma suivant : 13h-19h les mardis, jeudis et vendredis, 10h-19h les mercredis et samedis, et 13h-19h pour les bibliothèques ouvertes le dimanche. »

Cela correspond à une augmentation de l’amplitude d’ouverture des établissements (passage de 18h à 19h les samedis et les dimanches). Et évidemment sans aucune création de postes ni moyens supplémentaires !

Cela signifie davantage de postes de service public, moins de temps pour le travail interne (collections, action culturelle), un fort impact sur la vie personnelle (on pense notamment aux agent.es qui ont déjà des difficultés à trouver des transports pour rentrer chez ell.eux les week-ends), une modification de l'organisation du dimanche (obligation légale et justifiée d’organiser une pause de 20 minutes pour chacun.e alors que l’effectif est limité).

On demanderait aux bibliothécaires du dimanche de travailler une heure de plus pour une prime qui n’a jamais été revalorisée…

Pari ailleurs, cette uniformisation peut s’avérer contradictoire avec l’objectif affiché par le plan de favoriser l’accueil de tous les publics (on pense ici aux personnes âgées).

    • La fin des petites bibliothèques (les bibs de 4 ou 5 collègues, qualifiées de « bibliothèques de super proximité ») : ne pas créer à l’avenir pas de nouvel établissement de moins de 1000 m2 
       
    • Ouvrir de nouveaux établissements le dimanche (maintien de l’objectif d’une médiathèque du dimanche dans chaque « grand arrondissement »), la prochaine serait la bibliothèque Germaine Tillion.

Il y a actuellement 10 médiathèques ouvertes le dimanche (qui concerne déjà 1/3 des bibliothécaires). L’extension envisagée du travail du dimanche à de nouveaux sites et une possible « mutualisation » (absorption administrative des plus petites, dont les équipes seraient intégrées aux plus grandes)interroge sur le libre choix qu’il restera de travailler le dimanche ou pas. Cette « mutualisation » (fusion de 2 équipes) sur le modèle de ce qui a été fait pour Musset/Tillion est aussi un moyen d’optimiser les effectifs sans créer de postes. Les petites bibliothèques déjà existantes pourraient devenir des antennes des plus grandes (voir des comptoirs de prêt retour).

    • Pouvoir redéployer des agent.es titulaires (« volontaires ») d’une médiathèque à une autre médiathèque en cas de sous-effectifs le dimanche 

Les médiathèques du dimanche ouvrent avec une moitié de collègues vacataires présent.es 2 week-ends par mois et une autre moitié de titulaires (1/5 de tous.tes les titulaires).

Le caractère volontaire de ces redéploiements risque d’être limité alors que se développent des primes « au mérite » (CIA/IFSE) dont le montant est décidé par la hiérarchie.

Ces redéploiements ponctuels de titulaires d’un site à l’autre (des agent.es flexibles) c’est aussi un moyen d’optimiser les effectifs sans créer de postes.

Le dimanche la médiathèque s’apparente de plus en plus à un comptoir de prêt retour

    • Relever le quota de 9 dimanches travaillés par an

Avec un faible déroulement de carrière, un point d’indice gelé, des primes au rabais dans la filière culturelle, il est à craindre que travailler plus de 9 dimanches soit un choix assez contraint (et qu’il mette en concurrence des collègues entre eux.elles).

Il y a un an suite aux mobilisations des bibliothécaires, la DAC avait reconnu le « décrochage du régime indemnitaire » (primes) de la filière culturelle en général et des bibliothécaires en particulier (faible attractivité » du réseau parisien) et s’était engagée à faire un « diagnostic » en vue de sa revalorisation.

Engagement oublié. La Ville préfère distribuer des primes à celles-ceux qui travailleront plus.

    • Réorienter massivement les moyens existants vers l’accueil du jeune public

Dans les établissement, passage à « 40% des superficies » dédiées à la jeunesse , rééquilibrage dans la « répartition des agents entre les sections adulte et jeunesse », augmentation à un minimum de 45% de la part de la jeunesse dans les budgets d’acquisition, répartition « plus juste » du budget d’action culturelle en faveur de la programmation jeunesse » (aller au-delà des 40% actuels), augmentation des accueils de classes, de groupes périscolaires, des partenariats avec le secteur de la petite enfance, généralisation de l’offre de jeux de société et de jeux vidéos, …

L’administration s’appuie sur une évaluation : 50% du public est un jeune public, 30% des moyens (collections, budgets, effectifs) lui seraient attribués.

A l’heure des restrictions budgétaires, cette nouvelle ventilation signifierait des coupes drastiques dans les budgets d’acquisition et d’action culturelle adulte

    • Concernant le cinéma et la musique, réfléchir aux « supports » avec « l’omniprésence du support numérique et la désaffection pour le CD et le DVD, qui invitent à repenser tout particulièrement les formats de médiation autour de la musique et du film », interroger le format de l’offre actuelle… avec des collections parfois denses en CD et en DVD  et le développement au sein de la Réserve centrale de fonds thématiques CD et dun fonds DVD et la présence de deux bibs spécialisées (MMP et Truffaut) »

Cette présentation semble déjà limiter la réflexion (que nous demandons depuis des années et qui est officiellement en cours) : il y aurait trop de documents, des établissements spécialisés et les fonds de la réserve centrale pourraient répondre à la demande.

Aucune des propositions portées par les équipes ou les représentant.es des personnels n’est même mentionnée (accès gratuit aux collections de musique et cinéma, attachement aux supports physiques garants d’une offre musicale riche et diversifiée, prêt de lecteurs de DVD, demande de moyens (humains et budgétaires) pour les autres services à développer en complément des collections (activités de médiation, action culturelle, instruments à jouer sur place, etc…). Et encore moins leur dimension écologique (le moins bon bilan carbone du streaming par rapport au prêt physique) pourtant largement développé dans le PLAP2

    • Une charte documentaire soumise au Conseil de Paris qui déciderait des « principes de constitution des collections » expliciterait « les orientations et les choix notamment pour les documents non retenus et permet de disposer d’éléments opposables pour défendre la philosophie et l’éthique de la ville de Paris »

Il est fait référence à la loi du 21 décembre 2021 concernant « la participation et la diversification des publics et l’exercice de leurs droits culturels ; elles participent à la diffusion et à la promotion du patrimoine linguistique ». La programmation doit servir à lutter contre les discriminations, pour l’égalité femmes/hommes, pour la sensibilisation à l’environnement ».

Ces derniers mois nous avions rappelé les difficultés auxquelles peuvent être confronté.es des bibliothécaires dans le contexte actuel (montée de l’extrême-droite, concentration dans le secteur de l’édition…) et la nécessité de protéger leurs missions.

Une charte documentaire pourrait y contribuer.

Mais nous avions aussi souligné l’importance de faire vivre des temps et des espaces de réflexion pour toute la profession (à l’échelle du réseau, dans chaque bibliothèque), en particulier sur le « pluralisme » des collections et ses limites (pas de place pour des expressions racistes, sexistes, transphobes…).

Si l’élue à la culture et la directrice avaient convenu de l’intérêt et de la nécessité de cette réflexion, il n’en est ici plus question.

    • Territorialiser le réseau des bibliothèques par la généralisation « des échanges réguliers » entre les mairies d’arrondissement et les bibliothèques « en vue de bien articuler le projet de la bibliothèque avec les priorités et temps forts par la Mairie d’arrondissement », « les feuilles de route des mairies d’arrondissement » devant être partagées par la DAC « pour que les bibliothèques puissent ajuster leur projet d’’établissement. »

Nous pensons qu’il faut faire très attention au pouvoir possible des mairies d’arrondissement sur les choix des équipes de bibliothécaires.

Le PLAP2 affirme que « des clarifications et harmonisations seront opérées » concernant des participations financières de mairies d’arrondissement déjà existantes.

Pour éviter toute pression à l’échelle de l’arrondissement, nous pensons, en particulier en ces temps de pénurie budgétaire, que la contribution des mairies d’arrondissement doit être limitée et normée (une enveloppe liée à la taille de l’établissement sur des postes de dépenses identiques quelques-soient les arrondissements).

    • « Intégrer systématiquement une approche environnementale à la pratique professionnelle »

Avec notamment l’abandon des fournitures composées de matériaux plastiques (réduire drastiquement la plastification des documents, abandon de l’achat de boitiers plastiques pour les CD et DVD.

Si ce choix est pertinent pour les jeunes enfants (0 à 3 ans, toxicité de documents qui peuvent être mis à la bouche), il s’avère qu’il n’est pas forcément écologique (usure rapide de documents) ni même économique (sauf à réduire la volumétrie et/ou de la diversité des collections, ce qui est un vrai risque).

En F3SCT de janvier, nous avions déjà dit nos interrogations. L’administration semblait convenir qu’un retour partiel au PUU (Plastique à usage unique) était nécessaire.

Il n’en est ici plus question.

    • Adapter les bâtiments aux enjeux climatiques

Il s’agit de réduire les dépenses énergétiques et d’améliorer le confort thermique. Mais cette amélioration se réduit à l’installation de thermomètres, de « dispositifs limitant l’impact des fortes chaleurs » (circulation de l’air ou luttant contre le rayonnement direct du soleil), à l’ouverture des fenêtres la nuit, et à « l’information des agents sur les bonnes pratiques » (en attendant la rénovation complète des établissements d’ici 2050).

Si le plan évoque les soi-disant « ilots de fraicheur », il ne dit rien sur l’impossible continuité des services publics dans des cas de chaleur extrême (plus de 42°C en juillet 2019) en l’absence de climatisation partielle d’établissements ouverts au public…

    • Évaluer la relation à l’usager

Avec la démarche VousSimplifier Paris, la « satisfaction des usagers » est mesurée de façon continue via DiParis et fondée sur 4 règles d’or (renseigner en temps réel, accompagner chaque demande, communiquer les délais de réponse, accueillir avec bienveillance)

Plus d’heures de service public, des agent.es mutualisés / plus flexibles,

moins de documents…

On résume : extension des heures d’ouverture et du travail du dimanche, flexibilité / redéploiements facilités (entre établissements du dimanche, entre petites et grandes bibliothèques), réorientation des budgets vers la jeunesse (baisse des budgets pour les collectifs adultes), fin des collections en musique et cinéma, pouvoir accru des mairies d’arrondissement sur les choix des équipes, satisfaction des usagers évaluée à l’aune de critères comptables (temps de réponse) …

Ça ne va pas. Une 1ere audience a lieu ce jeudi 22 mai au matin mais il va probablement falloir se mobiliser.

La section DAC du SUPAP-FSU est disponible pour organiser l’information et la mobilisation avec d’autres syndicats.

Sans attendre nous appelons à une :

 

Assemblée Générale des bibliothèques

Pour s’informer, échanger, se mobiliser

 

Vendredi 6 juin de 10h à 13h

Grande salle du local du SUPAP-FSU

50 avenue Daumesnil (M° Gare de Lyon)

Au fond de l’allée, 3eme étage

 

La réunion est ouverte à tous.tes les agent.es, syndiqué.e ou non.

Chaque agent.e a le droit à 3 heures d’information syndicale par trimestre

(sur le temps de travail).

 

 

L’équipe d’animation de la section DAC du SUPAP-FSU

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