Dissolution du groupe de travail « Genres et Féminismes ». Panique "anti-woke " au SBL ?
Nous avions informé de la dissolution brutale de ce groupe à la veille du 8 mars :
Mercredi 13 mars, une délégation de syndicalistes SUPAP-FSU et de collègues du groupe de travail a été reçue par Aurélie Filippetti la directrice de la DAC, des représentant.es DAC, du SRH et du SBL.
L’administration ne pouvait pas défendre sa méthode. A mots couverts le SBL a fini par reconnaitre le caractère expéditif et brutal de la décision de dissoudre ce groupe de travail.
Contredisant en partie le SBL, Aurélie Filippetti a convenu que vouloir parler de violences sexistes et sexuelles au travail (VSST) ou des insuffisances en matière de prévention des VSS dans un groupe de travail du réseau ne pouvait pas être qualifié de « militant ».
Le groupe de travail avait notamment interpellé le SBL sur des aspects problématiques de la formation en ligne sur les VSS (formation issue d’un marché passé par toute la Ville et au discours orienté vers l'entreprise privée). Les éléments précis transmis au SBL ne sont jamais parvenus au SRH.
Plutôt que d’un procès en « militantisme » ces collègues auraient mérité des remerciements pour leur investissement professionnel !
Alors que le SRH reconnaissait le retard pris en matière de prévention des VSS côté bibliothèques (par rapport au travail entrepris du côté des conservatoires), Aurélie Filipetti a même interpellé les services de la DAC (SRH et SBL) sur la nécessité de faire vivre des espaces de mutualisation des expériences (le sexisme (et toutes ses manifestations possibles) quand on travaille en bibliothèque, c’est quoi ?) et de faire participer les personnels à la réflexion sur la prévention des VSST. Au vu des exemples précis cités à l'appui de la critique de la formation en distanciel, elle a convenu que celle-ci devait être réexaminée.
Pour autant, le compte n’y est pas.
La DAC a annoncé qu’un groupe de travail sera recréé mais sur la base de missions bien délimitées (les collections pour l’essentiel) et probablement sous un contrôle plus resserré côté administration (par le SBL ?).
Et rien n’a été avancé sur le cadre / la forme que pourrait prendre l’association des personnels à l’identification des VSST, la manière de les prévenir ou d’y réagir ou encore à la réflexion sur les dispositifs de formation et de prévention.
Ces choix confirment malheureusement le raidissement constaté sur de nombreux sujets ces dernières années (en rupture avec une culture bienveillante qui a longtemps été celle de la DAC) et qui se traduit par une perte d’autonomie des professionnels de la lecture publique (chef.fes d’établissement compris), la volonté d’un contrôle plus strict (assorti d’appels à la « loyauté »), et l’affaiblissement des espaces de réflexion et d’élaboration collective.
C'est d'autant plus regrettable, que le moment historique que nous vivons (entre autres, Trump qui chasse la soit-disante pensée « woke » des institutions US) mériterait de favoriser ces espaces plutôt que de les restreindre.
En dépit de leurs limites actuelles, nous appelons les collègues intéressé.es à participer aux cadres existants (et donc à ce futur groupe sur les questions de genre et féminisme).
De notre côté, nous continuerons à mettre à disposition nos moyens syndicaux pour faire vivre tous les débats et toutes les initiatives qui pour l’heure ne pourraient avoir lieu dans le cadre strictement professionnel : identification, prévention, traitement des VSST, notamment dans le cadre du travail effectué par le collectif féministe du SUPAP-FSU sur ce sujet, bibliodiversité face à la concentration dans le secteur de l’édition, avenir de la musique dans le réseau...
Les élu.es et mandaté.es de la section DAC du SUPAP-FSU
Communiqué des collègues
du groupe de travail « Genres et féminismes »
Mercredi 12 mars, les personnes en charge de l'organisation du groupe de travail genres et féminismes ont été reçu avec le SUPAP-FSU par la DAC pour comprendre les raisons de la dissolution brutale du groupe.
Lors de l’audience il a été reconnu pertinent d’avoir un groupe de travail réseau qui travaille sur les questions de genres et de féminismes dans les bibliothèques, mais également un espace de parole portant sur les Violences Sexuelles et Sexistes au Travail (VSST) qui pourrait donner lieu à des remontées, notamment sur les formations.
Nous regrettons donc que ce groupe de travail ait été supprimé sans aucune forme de dialogue préalable, mettant fin à cet espace considéré de fait comme pertinent, et que le cadre qui avait été établi avec le Service des Bibliothèques et de la Lecture (SBL) n’ait pas été reconnu par la hiérarchie.
Toutefois, nous nous satisfaisons que le SBL et la Direction des Affaires Culturelles (DAC) considère le travail sur les collections pertinent au sein d’un groupe de travail dédié. Nous espérons qu’il sera ouvert à toustes les collègues du réseau, sans distinction de catégorie ou de fonction. Enfin, nous regrettons l’arrêt des travaux laissant des plusieurs chantiers inachevés (quantification des collections, VSmart/Portfolio, Action culturelle, Accueil inconditionnel dont la lutte contre les discriminations et les stéréotypes de genres, préconisée par le Plan Lire à Paris 2, etc.).